Un polar atypique et planant. Sombre et poétique, dense et léger, nonchalant et subtil, c'est une oeuvre incontestablement originale, bercée par la musique de RZA, le magicien du son du groupe Wu-Tang Clan. Ghost Dog pourrait ne plus être de ce monde. Alors qu'il était adolescent, un mafieux, Louie Bonacelli, lui a sauvé la vie de justesse. Devenu tueur à gages, il est aujourd'hui plus vivant que jamais, même si son existence, qu'il partage entre ses colombes et l'étude du code des samouraïs, n'a rien de trépidant. Toujours attaché à son sauveur, qu'il admire et idéalise, Ghost Dog exécute régulièrement des contrats pour lui. Mais ce jour-là, alors qu'il vient d'abattre Handsome Frank à la demande de Louie, il s'aperçoit que Louise Vargo, la fille d'un grand chef mafieux, a été témoin du meurtre. Furieux, papa Vargo lance ses hommes à ses trousses... Jim Jarmusch signe là d'une main de maître cette allégorie du code d'honneur du samouraï dans la société contemporaine. Au premier coup d'œil, on a l'impression d'avoir affaire à un réalisateur différent. Car à la vue de sa filmographie complète, Ghost Dog (1999) ne ressemble en rien comparé à ce que Jim Jarmusch avait l'habitude de réaliser. Mais passée la première demi-heure du film, l'absurde apparaît enfin ! Côté casting, Isaach de Bankolé est à mourir de rire, à la fois attendrissant et si naïf face à un Forest Whitaker impressionnant (comme toujours) et sans oublier bien sûr, le terrible et glacial Henry Silva, qui même sans dire un mot, nous laisse sans voix ! Le film a été présenté dans le cadre de la sélection officielle, en compétition, lors du 52e Festival de Cannes (1999). Un film déroutant tant il est froid et silencieux, mais d'une force incroyable et regorgeant de références.