En 1997, l'Algérie, alors sous thérapie du FMI, était contrainte de “dégraisser le mammouth”, notamment dans les entreprises publiques financièrement destructurées. L'une des mesures prises par le gouvernement de l'époque était la retraite sans condition d'âge ou retraite anticipée. Un mécanisme auquel des pays comme la Pologne, la Hongrie, la Tchéquie, dans le cadre du processus de “désoviétisation” de leurs économies avait eu recours. Il s'agissait aussi de libérer des postes pour les jeunes Algériens arrivant sur le marché du travail. Cette mesure ne va pas tarder à montrer ses carences. Sa première victime : la Caisse nationale des retraites (CNR). Du jour au lendemain, cette caisse, confrontée de tout temps à un découvert structurel, est non seulement privée des cotisations des travailleurs qui avaient fait valoir leur droit à la retraite anticipée, mais elle devait les payer. Ce qui a eu alors pour effet de plomber davantage ses comptes. Et ce n'est pas le moindre des vices, car dans nombre d'entreprises publiques, ceux qui sont partis en retraite anticipée sont recrutés sous forme de contractuels. Donc pas de libération de poste de travail. Autre conséquence néfaste de cette mesure révélée par une étude du Cread, c'est qu'un grand nombre de postulants à la retraite anticipée étaient encore en capacité de servir leurs entreprises qu'ils avaient quittées, emportant leur know-how dans les entreprises privées qui leur ont déroulé le tapis rouge. “Le maintien actuel de ce dispositif entraîne des conséquences dommageables à l'outil de production qui enregistre chaque année d'importantes déperditions au niveau de ses ressources humaines les plus qualifiées”, souligne le communiqué de la tripartite à ce propos. Douze ans après sa mise en œuvre, le mécanisme de la retraite sans condition d'âge s'avère être une erreur d'aiguillage de la part des responsables de l'époque. Selon le communiqué qui a sanctionné les travaux de la tripartite, pas moins de 400 000 travailleurs ont bénéficié de ce dispositif depuis sa mise en place à la faveur du l'ordonnance du 31 mai 1999, pour une enveloppe de 360 milliards de dinars. Si la retraite anticipée se conjuguera désormais au passé, l'âge légal de la retraite ne change pas. Il est maintenu à soixante deux ans. Du moins pour quelque temps encore, car on prête au gouvernement la volonté de faire bouger les choses à ce niveau d'autant plus que dans les pays européens la question fait en ce moment débat. Cela étant dit, la fin de la retraite sans condition d'âge ne fera pas que des heureux, car nombre de salariés, notamment des femmes, verront ainsi leurs projets remis en cause. Qu'en est-il aussi des travailleurs dont les dossiers de retraite sont en instance au niveau de la Caisse des retraites ? Et ceux qui ont cotisé pour avoir une retraite anticipée ? Autant de questions auxquelles le groupe de travail est en devoir d'apporter des éléments de réponses.