S'alignant sur la position des Nations unies, qui considèrent le Sahara occidental comme faisant partie des territoires non autonomes, donc à décoloniser, Madrid annonce officiellement qu'il n'a jamais reconnu la souveraineté du Maroc sur son ancienne colonie. Voilà un aveu important qui affaiblit les thèses colonialistes marocaines. Soufflant habituellement le chaud et le froid dans ses prises de position antérieures sur le Sahara occidental, l'Espagne s'est totalement démarquée cette fois-ci du Maroc, en affirmant officiellement par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, n'avoir jamais reconnu la souveraineté de Rabat sur ce territoire, ancienne colonie espagnole jusqu'à son invasion en novembre 1975 par Hassan II. En effet, le gouvernement espagnol a rejeté mardi les critiques selon lesquelles son traitement de l'affaire de la militante sahraouie des droits de l'Homme, Aminatou Haïder, valait reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Sur un ton ferme et sans équivoque, le chef de la diplomatie ibérique a formellement indiqué dans un communiqué publié quelques jours après le retour d'Aminatou Haïder chez elle à Al-Ayoun qu'“il n'y a eu aucune reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental”. Plus précis dans sa déclaration, Miguel Angel Moratinos a souligné qu'“au contraire, le gouvernement s'est borné à relever que les lois marocaines s'appliquent au Sahara occidental, c'est-à-dire qu'il a simplement relevé un fait qui, en outre, est évident pour toute personne qui suit le dossier de près”. Voilà qui a le mérite d'être clair, car le silence de Madrid était mis à profit par Rabat pour faire croire que sa souveraineté sur le Sahara occidental était reconnue par l'Espagne, qui n'est autre que l'ancienne puissance coloniale de ce pays, considéré par l'Organisation des Nations unies comme faisant partie des territoires autonomes à décoloniser. Pour rappel, le 17 décembre dernier, jour où Mme Haïder a été autorisée par le Maroc à rentrer, le ministre espagnol des Affaires étrangères avait déclaré que “jusqu'à ce que le différend soit résolu et en conformité avec la position de l'ONU, l'Espagne note que la loi marocaine s'applique au Sahara occidental”. Ce commentaire a été interprété par certains partis de l'opposition espagnole ainsi que par des militants sahraouis comme une concession au Maroc qui a annexé le Sahara occidental en 1975 quand l'Espagne s'en est retirée précipitamment à la fin du franquisme. Il y a lieu de signaler que l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies, l'Américain Christopher Ross, poursuit ses efforts dans l'espoir d'organiser une seconde réunion de pourparlers informels sur le Sahara au début de l'année prochaine, ont indiqué des sources onusiennes mardi à New York. Le porte-parole du secrétaire général de l'ONU, Martin Nesirky, a en effet, déclaré au cours d'un point de presse que “l'envoyé spécial du secrétaire général pour le Sahara, Christopher Ross, tente d'organiser une seconde réunion de pourparlers informels sur le Sahara au début de l'année prochaine”, sans toutefois fournir davantage de précisions sur la nature des activités de Christopher Ross. Depuis la dernière réunion informelle, préparatoire au 5e round de négociations, qui avait eu lieu en août dernier en Autriche dans le cadre de la mise en œuvre de la résolution 1871 du Conseil de sécurité, il a été impossible de réunir les deux parties en conflit, le Maroc et le Front Polisario, pour reprendre le dialogue.