En nette perte de vitesse sur le plan interne, où le taux des satisfaits de sa politique ne dépasse guère les 10%, le président du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero s'apprête à assumer la présidence de l'Union européenne, le 1er janvier, avec de lourds dossiers sur les bras nécessitant des actions urgentes. Déjà sous apression en Espagne, où sa cote de popularité est au plus bas en raison de la crise économique, des poussées indépendantistes catalanes, du conflit du Sahara occidental, le chef du gouvernement espagnol cherchera à redorer son blason en présidant pour six mois, à partir du 1er janvier, l'Union européenne. Il faut dire que Zapatero est au plus bas, si l'on en juge les résultats du sondage du journal ABC, lequel révèle que 53% des Espagnols jugent “mauvaise” ou “très mauvaise” la situation politique espagnole, contre 9% qui la considèrent “bonne” ou “très bonne”. Plus grave, concernant les intentions de vote des Espagnols, le Parti populaire arrive en tête avec 43,3%, devant le Parti socialiste (38,1%). À cela viennent se greffer les poussées indépendantistes catalanes qui pourraient rendre encore plus difficile la gestion du gouvernement Zapatero. Le pays est suspendu à une décision du Tribunal constitutionnel sur le statut de large autonomie concédé en 2006 à la riche région de Catalogne. S'il est revu à la baisse, une forte bronca va s'élever à Barcelone. Ainsi, cette présidence de l'UE lui offre une opportunité de se racheter aux yeux des Espagnols, bien que sa mission ne s'annonce guère facile en raison du bicéphalisme désormais en vigueur au sein de l'Europe des vingt-sept, qui verra son nouveau président, le Belge Herman Van Rompuy, et son armada de ministres prendre leurs fonctions en 2010. Zapatero n'aura pas les coudées franches durant son mandat, contrairement à ses prédécesseurs. En effet, l'Union européenne inaugure le 1er janvier une direction bicéphale d'un nouveau genre, incarnée par son président permanent Herman Van Rompuy et une présidence tournante espagnole, que tous espèrent pacifique, qui a déjà commencé par quelques frictions. À ce binôme, né de la mise en œuvre du traité de Lisbonne, il convient d'ajouter, pour compliquer encore la représentation de l'Europe, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, bien décidé à montrer qu'il faudra compter avec lui, et la nouvelle responsable de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton. Outre la mise en œuvre du traité de Lisbonne et des nouvelles institutions qui devraient permettre la transformation de l'Europe, qui constitue sa grande priorité, Zapatero est appelé à gérer d'autres dossiers complexes. On cite notamment le conflit du Sahara occidental, le Maghreb et l'Union pour la Méditerranée, dans le cadre de la politique étrangère espagnole et européenne. Revenu au devant de la scène médiatique suite à la grève de la faim de la militante sahraouie des droits de l'homme, Aminatou Haidar, qui a obligé Rabat à céder à sa requête de rentrer chez elle à El-Ayoune, en raison de la pression internationale, le chef du gouvernement espagnol est appelé à faire avancer les négociations entre le Maroc et le Front Polisario dans le cadre du processus onusien. Pour le Maghreb, dont les pays membres demeurent un partenaire important de Madrid et de l'Europe dans différents domaines, Madrid devra améliorer les rapports entre les deux parties. L'Espagne aura également pour mission d'assurer la relance de l'Union pour la Méditerranée (UMP), menacée par le conflit au Proche-Orient. Ce projet constitue une priorité espagnole en liaison avec Paris, avec en point de mire l'organisation d'un sommet prévu en juin à Barcelone.