“L'Algérie a atteint, depuis 2002, un nouveau palier de croissance qui, tout en restant fortement lié aux performances du secteur des hydrocarbures, résulte aussi des efforts déployés ces dernières années par le gouvernement.” Ce constat établi par l'Ocde, dans son rapport sur les perspectives économiques en Afrique, peut inciter à l'optimisme, mais il n'empêche pas de relever les insuffisances et de mesurer l'ampleur des actions de développement à accomplir et des nécessaires correctifs à apporter. Avec un taux d'investissements qui avoisine les 10% du PIB (l'un des taux les plus élevés au monde), l'Etat algérien a injecté dans le plan de soutien à la relance, entre 2005 et 2009, 144 milliards de dollars américains dans de nombreux projets structurants tels que les infrastructures de base, la construction de logements, le développement des ouvrages hydrauliques, les équipements socio-éducatifs... Ces efforts d'investissements, couplés à des mesures de soutien de relance de la production nationale, ont permis à notre pays de renouer durablement avec la croissance, même si celle-ci est en décrue. (6,4% en 2003, 4,2% en 2004, 4,3% en 2005 et environ 3,5% en 2009). Ce déclin relatif est dû notamment à la réduction de nos recettes extérieures, à la faible productivité de l'outil de production nationale et au faible apport en IDE. La question des IDE a été très souvent abordée par de nombreux spécialistes qui mettent en avant comme causes les insuffisances dans le mode de gouvernance, le manque d'implication de l'Etat dans la mise en œuvre de grands projets de partenariat étrangers, les lourdeurs bureaucratiques, la rigidité du système bancaire. Dès lors, on peut comprendre pourquoi ces mêmes spécialistes parlent de bilan mitigé. Par ailleurs, les questionnements sur l'insuffisance des IDE sont d'autant plus justifiées que notre pays offre des avantages comparatifs très attractifs (bas coût de l'énergie, main-d'œuvre qualifiée et à bon marché, infrastructures de base développées...). Les pouvoirs publics eux-mêmes n'ont pas manqué d'évoquer les “erreurs” commises dans le domaine économique et semblent ne plus tabler aussi fortement sur l'apport des investissements directs étrangers. En vérité, c'est le manque de clarté dans la stratégie de développement, en particulier dans le secteur industriel, les hésitations à opérer des choix clairs aussi bien vis-à-vis du secteur privé national que du secteur public économique, l'absence de volonté politique de réformer en profondeur le système bancaire, qui ont fait que les gouvernants ont failli. Pour autant, selon les institutions internationales économiques et financières, les opportunités de rattraper les “erreurs” demeurent intactes. Cependant, elles conditionnent ce constat par l'amélioration de la gouvernance et le parachèvement des réformes entreprises, notamment dans le secteur financier et bancaire. Les mesures prises à travers la loi de finances complémentaire pour 2009 et les grands axes d'affectation des ressources, prévus par la loi de finances au titre de l'année 2010, semblent annonciateurs d'une plus grande lisibilité dans la nouvelle démarche économique préconisée par les pouvoirs publics. Dans ce contexte, il paraît intéressant de noter que le FMI prévoit, pour la fin de l'année en cours, une croissance hors hydrocarbures de 10%. Croissance soutenue par une bonne récolte céréalière et performance d'un certain nombre d'autres secteurs, tels que la manufacture (6%), et de façon globale le tissu des PME et PMI. Ces résultats ont été rendus possibles par les mesures incitatives prises, notamment en faveur du secteur privé, ainsi que les plans de relance des activités de certains opérateurs publics tels que la SNVI. Cela signifie-t-il que l'Algérie s'apprête à entamer la phase de l'après-pétrole ? L'intention semble y être, mais il ne suffit pas de l'afficher. Karim Djoudi, en présentant le projet de loi de finances pour 2010 au Conseil de la nation, a déclaré : “En dépit de la baisse actuelle des recettes dans le sillage du recul des cours mondiaux de pétrole, l'Etat entend maintenir le même rythme de ses efforts pour le confortement de sa politique sociale, la lutte contre le chômage et la réalisation d'une croissance plus forte.” Le ton est donné.