Sans vouloir perturber l'ambiance euphorique des lendemains de fête de fin d'année, il me semble qu'il n'est pas sûr que l'année 2010 puisse être meilleure que l'année précédente chez nous comme ailleurs. En revanche, pour tous ce sera l'année des choix stratégiques et des défis à relever dans un environnement économique incertain porteur à la fois de menaces et d'opportunités. Essayons de voir pourquoi en tirant d'abord les leçons de l'année dernière. Voyons, comment s'est terminée l'année 2009 chez les grands qui sont dans notre proximité immédiate et qui pèsent le plus sur nos échanges économiques : les pays de l'Union européenne (UE) qui est notre premier client et notre premier fournisseur. Même si les Bourses significatives de l'UE ont clôturé l'année 2009 dans l'euphorie avec 25,7% de progression en moyenne, les économies réelles de ces pays connaissent quelques problèmes sérieux. Ainsi, l'Italie, par exemple, a vu sa production industrielle chuter de 25% pour revenir à son niveau d'il y a 25 ans. Il est vrai que nous avons fait pire, mais sur une période plus longue. Autre exemple, l'Allemagne qui voit sa première place d'exportateur mondial ravie par la Chine. Sur les onze premiers mois 2009, la Chine a réalisé 1 070 milliards $ d'exportations, alors que l'Allemagne n'en a réalisé que 1 048,8 milliards de $. Quant à la France, elle a perdu un grand contrat face à la Corée dans un domaine où elle excellait pourtant, celui de l'électronucléaire. On ne sait pas si les difficultés de réalisation de l'EPR en Finlande par Areva ont été à l'origine de cet échec commercial, mais toujours est-il que c'est la Corée du Sud qui a remporté le contrat de réalisation de 4 centrales électronucléaires à Abu Dhabi pour un montant de 20 milliards de $ face au groupement français EDF, GDF et Areva. Enfin, l'UE n'a pas beaucoup pesé au sommet de Copenhague face à la Chine, l'Inde et aux Etats-Unis. L'Afrique non plus d'ailleurs, mais cela on le savait déjà. Chez nous, s'agissant de bilan annuel, on a connu pire. En ce qui me concerne — souvenez-vous-en —, j'avais prévu au début 2009 dans cette même chronique un déficit commercial. On l'a évité de justesse du fait de la remontée des prix des hydrocarbures dont la moyenne annuelle aura été de 62 $ le baril de brut, mais aussi du fait de certaines dispositions de la loi de finances complémentaire 2009 (LFC 2009). Pour l'année 2010, mais aussi pour les années suivantes du programme quinquennal d'investissement public évalué à 150 milliards de $ au minimum, le premier défi à relever est celui d'une participation plus significative des entreprises algériennes dans sa réalisation. Reproduire le même modèle externalisé de réalisation que celui des périodes antérieures au motif de l'urgence, c'est perdre une des grandes opportunités non renouvelables de diversifier notre économie. Alors que faire ? Il faudra prendre le risque de soutenir et de fédérer les entreprises publiques et privées algériennes à l'effet de les engager beaucoup plus dans l'étude et la réalisation des grands projets, notamment d'infrastructures. Des indices tangibles me semblent témoigner d'un début de prise de conscience de la part des pouvoirs publics. D'abord dans le secteur du BTPH, on a vu pour la première fois l'attribution, en cette fin d'année 2009, de deux contrats de réalisation de barrages à deux entreprises algériennes. Ainsi, le groupe public algérien Cosider réalisera deux barrages pour un montant de 10,70 milliards DA, alors que l'entreprise publique Hydrotechnique sera chargée de la construction du barrage de Béni Slimane, dans la wilaya de Médéa, pour un montant de 4,2 milliards de DA. La prise de risque dans ce secteur — qui fera encore pour quelques années une croissance à deux chiffres — devient une opportunité de développement de champions qui pourront, le moment venu, aller sur les marchés extérieurs. On peut ensuite relever des frémissements dans le secteur industriel qui a terminé l'année avec une croissance modeste de 3%. De plus, les responsables du ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements (MIPI) veulent accélérer — me semble-t-il — la mise en œuvre de leur “stratégie industrielle”. C'est ainsi qu'il est demandé aux consultants chargés de la réalisation des “études de maturation des groupes industriels” de remettre leurs conclusions dans un délai d'un mois à compter de janvier 2010. Il s'agit de groupes qui seront déployés dans les branches suivantes : industries électroniques, industries manufacturières, industries électriques et de télécommunications, industries chimiques, industries mécaniques, industries de transformation sidérurgique et industries de construction métalliques. Les autres secteurs aussi,notamment ceux de l'énergie, de l'agriculture et du tourisme, font face aux mêmes incertitudes mais disposent eux aussi d'opportunités spécifiques. Finalement, l'année 2010 sera celle des défis à relever et des opportunités à saisir pour l'économie algérienne. Le temps passe vite. On verra bien.