La vaccination des femmes enceintes, dont le nombre s'élève à 35 000 dans la wilaya, a été reportée à une date ultérieure. Cette décision prise à la dernière minute sous-entend, dit-on, le retrait du lot de vaccins contre la grippe A à Sétif. Pour exprimer leur refus de vacciner des citoyens, deux médecins affectés par la Direction de la santé et de la population de la wilaya de Sétif au niveau du centre de vaccination contre la grippe porcine du CHU Saâdna-Abdenour ont démissionné hier. En effet, très peinés par la perte brutale de leur consœur Lilia R., ces praticiens ont fini par jeter l'éponge. Cela étant, l'opération de vaccination des femmes enceintes dont le nombre est estimé à 35 000 personnes dans la wilaya de Sétif, et qui était prévue pour hier, a été reportée à une date ultérieure. Cette décision prise à la dernière minute sous-entend, dit-on, le retrait pur et simple du lot de vaccins de Sétif. Un praticien estime que le fait de continuer à parler de vaccin antigrippe A/H1N1 est une opération suicide. La désertion des 93 centres de vaccination ouverts à travers les quatre coins de la wilaya a faussé tous les calculs aux responsables du département de Saïd Barkat. En effet, au niveau desdits centres, le personnel affecté pour le suivi de l'opération de vaccination de quelque 11 000 travailleurs du secteur de la santé chôme. Moins de deux cents personnes à travers la wilaya ont été vaccinées durant les deux premiers jours. Au niveau du centre du CHU, le nombre prévu était de 1 500 travailleurs ; cependant, le nombre de personnes dont les noms figurent sur le registre ouvert pour cette opération est de 13 personnes. L'atmosphère est tendue et on n'y trouvait que les paramédicaux et les médecins. Depuis vendredi matin, date où le personnel a appris la mort du Dr Lilia R. décédée dans la nuit de jeudi vers les coups de vingt-trois heures, personne n'a franchi le seuil de la porte. Tombée tel un couperet, la mort du Dr R. a freiné une opération de vaccination qui avait beaucoup de mal à démarrer. Pis, beaucoup de médecins et même des profanes en la matière disent que cette opération est mort-née. Les rumeurs et les déclarations qui ont précédé le début de la campagne ont été, en quelque sorte, confirmées par le décès du Dr Lilia. La mort d'une maître-assistante, chef de service de réanimation et anesthésie au niveau du CHU Saâdna n'a fait, selon plusieurs professionnels de la santé, que faire déborder un vase déjà trop plein. “Nous avions prévu un taux très faible de vaccination avant la mort de notre chère consœur. Les travailleurs de la santé ont eu peur de ce vaccin, mais la perte du docteur quelques heures après le début de la campagne l'a freinée. Nous attendons avec impatience les résultats de l'autopsie, mais nous n'écartons pas que le vaccin y soit pour quelque chose”, nous a déclaré un médecin qui a voulu garder l'anonymat. Au niveau du centre de référence de vaccination ouvert au niveau du CHU Saâdna-Abdenour, sur les sept paramédicaux réquisitionnés, aucun n'a accepté d'être vacciné. L'absence de communication et le mutisme total de la part des responsables du secteur de la santé ont fait monter d'un cran la colère des praticiens de la santé qui envisagent de tenir un sit-in au courant de la semaine en cours. Ils reprochent à leur tutelle de ne pas avoir pensé à présenter des condoléances officielles et publiques à la famille et aux confrères et consœurs de la défunte qui a servi la santé pendant plusieurs années au niveau d'un service très difficile à gérer au point où ils avancent que trouver quelqu'un qui remplace le Dr L. R. n'est pas une tâche facile. Il faut noter qu'après le communiqué du syndicat des hospitalo-universitaires qui a demandé le retrait du lot de vaccins de Sétif et sa réanalyse, c'est au tour de la dynamique association pour la promotion de la qualité et de la protection du consommateur de la wilaya de Sétif de demander, dans un communiqué adressé au directeur de la santé de la wilaya, dont nous détenons une copie, le retrait dudit lot par principe de précaution.