Djoha était le dernier garçon d'une fratrie de sept garçons. Tous ses frères étaient grands de taille, sauf lui. Il était petit et maigrichon. Un jour, leur grand-père leur acheta des fusils et des chevaux, et leur dit : “Je compte sur vous pour capturer les deux redoutables lions qui vivent dans la forêt.” Les sept garçons parvinrent à piéger les deux féroces bêtes dans leur filet. Sur le chemin du retour, ils rencontrèrent une fée. Elle leur proposa de dormir chez elle et leur servit du lait qui était noir. Devant leur étonnement, la fée explique : “C'est à cause du chacal qui rôde dans la forêt, mes chèvres en ont tellement peur qu'elles se contentent de manger les braises éteintes du foyer.” Les sept frères promirent de tuer le chacal. Le lendemain matin, ils prirent la route, laissant les deux lions chez la fée. Chemin faisant, ils croisèrent une ogresse déguisée en gentille femme. Comme la nuit tombait, elle leur offrit le gîte. Les six frères s'allongèrent par terre pour dormir. Quant à Djoha, il se coucha dans une petit couffin suspendu au plafond et garda l'œil ouvert. L'ogresse ne tarda pas à dévorer les six frères. Elle s'avança ensuite vers Djoha qui lui dit : “Avant de me manger, peux-tu me donner un peu d'eau ?” “Dans quoi”, hurla l'ogresse. “Dans un tamis”, répondit Djoha. Pendant qu'elle essayait de remplir l'eau, Djoha en profita pour fuir à toutes jambes. Bientôt, il atteignit une rivière en furie et la supplia : “ô rivière de beurre et de miel, laisse-moi passer.” Aussitôt, la rivière sécha et Djoha passa sur l'autre rive. Furieuse d'avoir été tournée en bourrique, l'ogresse se jeta à la poursuite du petit bonhomme. Trouvant la rivière en crue, elle lui ordonna : “Ô rivière de malheur et de puanteur, laisse-moi passer.” Mais la rivière devint plus grosse et plus agitée. L'ogresse s'en retourna demander conseil au cheikh du village et revient bientôt avec la formule magique. “Ô rivière de beurre et de miel, laisse-moi passer.” La vilaine créature poursuivit son chemin et faillit rattraper Djoha qui eut juste le temps de grimper à un arbre. L'ogresse se mit à secouer violemment les branches lorsque surgissent les deux lions que Djoha et ses frères avaient laissés chez la fée. Ils ne firent qu'une bouchée de l'ogresse. Enfin libre, Djoha rentra chez lui, sain et sauf mais triste d'avoir perdu ses six frères. NADIA AREZKI [email protected]