la récente découverte franco-algérienne rajeunit de plus de 15 millions d'années la première véritable apparition des primates anthropoïdes sur le continent africain. MM. Adaci et Bensalah, paléontologues attachés à l'université Aboubakr-Belkaïd de Tlemcen, ont participé dernièrement à des travaux de fouilles avec une équipe de chercheurs français de l'Institut des sciences de l'évolution (université de Montpellier/CNRS) et des paléontologues algériens des universités d'Oran et de Jijel. Au cours de ces fouilles, ils ont découvert des restes crâniens et dentaires de deux espèces de primates fossiles sur un site de fouilles algérien. Leur publication, en ligne sur le site de la revue Proceedings of the Royal Society B (Biological Sciences) le 9 septembre 2009, relance le débat sur l'origine africaine des anthropoïdes, auxquels l'homme et les grands singes appartiennent. Leurs travaux de recherches indiquent à cet effet que “l'origine africaine des primates anthropoïdes est remise en question. Ils révèlent que le petit primate “Algeripithecus” âgé de 50 millions d'années, jusque-là considéré comme le plus ancien des anthropoïdes africains, appartient en fait à un autre groupe : celui des “lémuriformes”. En 1992, le petit primate fossile “Algeripithecus” a été découvert dans le Sahara algérien. Vieux de 50 millions d'années, pesant à peine 75g et connu des paléontologues grâce à des restes de deux molaires, ce primate était considéré comme le plus ancien anthropoïde du continent africain. Ainsi, la mise au jour d'“Algeripithecus” a fortement contribué au fondement de l'hypothèse selon laquelle l'Afrique serait le berceau des primates anthropoïdes, groupe auquel l'homme et les grands singes appartiennent. Un autre primate est connu depuis plus longtemps : “Azibius”. Il est l'un des plus anciens représentants africains des “lémuriformes”, un autre groupe de primates, représenté aujourd'hui par les lémuriens de Madagascar, les “galagos” d'Afrique centrale et les “loris” d'Asie du Sud.” Sur le site Glib Zegdou au nord-ouest de l'Algérie, une équipe française de l'Institut des sciences de l'évolution de Montpellier, en collaboration avec des chercheurs algériens, ont exhumé du matériel crânien et dentaire d'“Algeripithecus” et “Azibius”. Ils ont trouvé par exemple des mandibules presque complètes. “Ces restes ont dévoilé un certain nombre de caractéristiques typiques du groupe des “lémuriformes”, notamment une adaptation à la vie nocturne et la présence suggérée d'un “peigne dentaire” à l'avant de la mâchoire inférieure.” Les paléontologues en ont conclu qu'“Algeripithecus”, tout comme son proche parent d'“Azibius”, appartenait non pas à la famille des primates anthropoïdes, mais qu'il était très probablement l'un des plus anciens représentants en Afrique des “lémuriformes”. La publication met également en évidence le fait qu'“en Egypte, plus d'une dizaine de primates anthropoïdes fossiles datant de 30 à 38 millions d'années est connue depuis longtemps”. Ainsi est-il souligné, “la récente découverte franco-algérienne rajeunit de plus de 15 millions d'années la première véritable apparition des primates anthropoïdes sur le continent africain. Avec de lourdes conséquences sur l'histoire évolutive des primates anthropoïdes en Afrique, ce constat renforce d'autant plus l'hypothèse alternative de l'origine asiatique des anthropoïdes. Par ailleurs, ces recherches paléontologiques dévoilent une diversité insoupçonnée et une très grande ancienneté des premiers lémuriformes en Afrique”.