Cette technique de financement a ceci d'avantageux qu'elle diffère totalement des crédits bancaires ou d'Etats qui se désintéressent du devenir des projets ou programmes financés, ceux-ci n'ayant qu'une faible importance dans l'opération des crédits qui reste dans le domaine strictement financier, le prêteur ayant l'avantage d'une protection par des garanties accordées par l'emprunteur, et ne courant que des risques de crédits classiques. De plus, les investissements privés étrangers, du fait de leurs montants et de leurs priorités ne correspondent pas totalement ou spécialement aux attentes de l'économie algérienne. Dans le cas du projet finance, plus que des risques crédit, le prêteur s'engage sur quasiment des risques d'investissement, aux côtés mêmes des autres banques ou institutions de crédits ainsi que du maître d'ouvrage et se fait rembourser dans le cash flow, autrement dit les rentrées financières du projet, lors de la mise en exploitation de ce dernier, jusqu'à un certain point. Comme ce sont généralement de grands projets qui nécessitent de longs délais de mise en place et de démarrage, les remboursements de financement s'étendent sur le long terme, jusqu'à 25 à 30 ans. D'abord, en général, on est en face d'un grand projet, d'un mégaprojet, dont le maître d'œuvre n'est pas n'importe qui et qui dispose d'une assez bonne couverture financière, autrement dit qui s'implique d'abord dans son propre projet, dans des proportions assez importantes. Ce qui est déjà une garantie pour le partenaire qui vient risquer son capital. Aussi, le maître d'ouvrage est censé être une grande entreprise de la filière ou du secteur avec de sérieuses références de solidité financière et de bonne gestion. Du fait même que le projet finance implique le créditeur d'une manière ou d'une autre dans la gestion du projet achevé, il y a des deux côtés la nécessité d'une négociation millimétrée et de montages savants qui exigent de grandes compétences : le maître d'ouvrage doit se faire accompagner des plus hautes qualifications en matière de montage financier, soit de l'ingénierie financière, tandis que le créditeur doit connaître un maximum du secteur dont relève le projet qu'il finance peu ou prou. On remarque ici l'intervention de banques publiques qui, en dépit de leur souci maladif de respect des règles prudentielles, ne se font pas prier dans de telles conditions de garantie et de rentabilité prévisionnelles ainsi que de la maturité du projet, la qualité de chacun des intervenants étant en elle-même une garantie pour les partenaires. La Banque extérieure d'Algérie et le Crédit populaire algérien sont ainsi devenus les chefs de file de plusieurs projets ainsi financés, plus de 408 milliards de dinars (près de 6 milliards de dollars) au total dont 257 milliards de DA pour le CPA et 151 pour la Bea. Du point de vue des banques étrangères, c'est une porte d'entrée dans l'économie algérienne, sans pour cela passer pour des investissements directs étrangers (IDE), lesquels se sont fait longtemps attendre. Après les trompettes de la financiarisation des économies, où le capital se sépare du monde de l'entreprise, ce dernier revient à la sphère de l'activité économique réelle. Il y a apparemment des garde-fous, il s'agit d'un montage financier impliquant plusieurs intervenants.