Sitôt installé au bureau ovale le 20 janvier 2009, Barack Obama a dédié son premier appel téléphonique en qualité de président des Etats-Unis d'Amérique au président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Quelques jours plus tard, il le reçoit à la Maison-Blanche, de même qu'il reçoit, séparément, le nouveau Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président égyptien Hosni Moubarak. Dans la foulée, il désigne un émissaire spécial pour le Proche-Orient en la personne du sénateur George Mitchell, qui connaît parfaitement le dossier israélo-palestinien et dont la compétence est unanimement saluée. Sa feuille de route est claire : relancer le processus de paix israélo-palestinien sur la base d'une solution à deux Etats. De son côté, l'Egypte est censée intercéder auprès du Hamas et de l'autorité palestinienne en vue d'une réconciliation nationale indispensable pour l'organisation d'élections, qui dotent les territoires de dirigeants légitimes capables de parler et de négocier au nom de tout le peuple palestinien. Entre-temps, Barack Obama a fait siens deux des préalables à la reprise des négociations formulés par Mahmoud Abbas : création d'un Etat palestinien souverain aux côtés d'Israël et gel total de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Ces deux préalables, Benjamin Netanyahu et son gouvernement, au sein duquel l'extrême droite nationaliste est fortement représentée, ne veulent pas en entendre parler. Au contraire, ils répondent par un autre préalable : que les Palestiniens reconnaissent Israël comme Etat juif, ce qui ferait des Arabes israéliens des étrangers chez eux et fermerait définitivement la porte au retour des réfugiés. Fait unique dans l'histoire des relations entre les deux pays, une tension palpable s'installe alors entre Washington et Tel-Aviv. Les multiples périples de George Mitchell dans la région ne réussiront pas à débloquer la situation, et c'est à peine si Netanyahu accepte du bout des lèvres le principe d'un Etat palestinien démilitarisé. Pendant que se jouait un réel bras de fer entre Obama et Netanyahu, Washington a cessé de parler d'une même voix puisque la secrétaire d'Etat Hillary Clinton s'est mise à demander aux Palestiniens la reprise des négociations sans conditions et aux pays arabes de faire des gestes en direction d'Israël. Une telle attitude ne pouvant qu'encourager le gouvernement israélien dans son inflexibilité, l'émissaire George Mitchell a envisagé d'abandonner sa mission. Dans le même temps, l'Egypte a lamentablement échoué dans son œuvre de médiation pour réconcilier les frères ennemis du Hamas et du Fatah et les élections palestiniennes sont, encore une fois, reportées aux calendes grecques. Pire : en accédant au vœu israélien d'ériger un mur qui obstrue les centaines de tunnels creusés entre l'Egypte et la bande de Gaza, seule voie d'approvisionnement des Palestiniens de ce territoire, les autorités du Caire se sont durablement décrédibilisées dans la médiation entre les parties palestiniennes et comme représentant des intérêts arabes en cas de négociation. L'impasse est totale et le volontarisme d'Obama à son début de mandat n'est qu'un lointain souvenir. De même que son discours historique du Caire en direction des pays arabes et musulmans a retrouvé sa véritable place dans la conscience collective : celle d'un simple discours, sans effet sur la réalité du terrain. Il y a quelques jours à peine, réagissant à des rumeurs persistantes, Washington a assuré Israël qu'il n'envisageait absolument pas de sanctions financières à son égard. En moins d'un an, Obama est passé de la position d'un président qui voulait dicter ses volontés à un Etat d'Israël arrogant et habitué à l'impunité à celle d'un gestionnaire qui ne veut surtout pas faire bouger les lignes. Dommage…