La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) a été hier très critique dans son analyse relative à la situation sociale en Algérie. Dans un long rapport, présenté à l'ouverture des travaux de la réunion de la commission syndicale nationale de sa formation, qui s'est tenue à la Mutuelle des matériaux de construction de Zéralda (Alger), Louisa Hanoune a déclaré que “les décisions prises sur le plan social sont au-dessous des attentes” du monde du travail. Elle a d'ailleurs constaté “plus de grèves et plus de protestations autour de revendications légitimes” de la fin 2009 au début de l'année 2010, faisant référence à la question salariale et à celle des conditions de travail. L'intervenante s'est étendue sur les luttes syndicales engagées dans plusieurs wilayas du pays, citant particulièrement les cas du complexe sidérurgique d'Annaba, de la SNVI, du port d'Alger et de la Fonction publique, y compris le secteur de la santé, en refusant de distinguer les actions initiées par les syndicats UGTA de celles menées par les syndicats autonomes. Pour Mme Hanoune, la hausse du SNMG de 25% ne règle pas la dégradation du pouvoir d'achat des travailleurs et de leurs familles. “Tout le monde est pour l'annulation de l'article 87 bis (…). À quand l'application des normes universelles sur le Smig et l'abrogation de l'article 87 bis ?”, s'est-elle demandée. Non sans dénoncer les multinationales et “les contradictions” émanant de certains ministères qui, à l'exemple du département de Saïd Barkat, pousseraient au “pourrissement”. Concernant la grève de la SNVI de Rouiba, le leader du PT a fait part de l'implication de “parties politiques” extérieures qui pensaient instrumentaliser le mouvement de protestation à d'autres fins. Louisa Hanoune a, cependant, précisé que la situation nationale ne saurait être déconnectée de ce qui se passe dans le monde, ni des “pressions” étrangères, encore moins de “la crise du capitalisme (qui) est toujours là”. Cela, d'autant que l'orientation dominante sur toute la planète est de “casser” toute dynamique populaire et les syndicats. Elle a admis que l'année 2009 a été clémente sur le plan sécuritaire et même dans le domaine sportif, allusion faite d'une part aux aspects positifs contenus dans la loi de finances complémentaire 2009 et de l'autre, à la victoire de l'équipe nationale de football et à son entrée officielle au Mondial-2010. La rencontre de Zéralda, qui se tient à la veille du prochain congrès mondial des syndicats, prévu pour la fin novembre 2010 à Alger, a été une opportunité pour la responsable du PT de rappeler que beaucoup de questions interpellent le monde du travail, en Algérie et dans le monde entier. Selon elle, sous les arguments du changement climatique, de la bonne gouvernance, du développement durable ou du terrorisme, le but est de pousser les syndicats à abandonner leurs acquis. Dans ce cadre, elle a dénoncé la décision US, soutenue par l'UE, de confectionner une “liste ouverte” sur les pays soutenant le terrorisme où figure l'Algérie, mais aussi des pays comme Cuba et la Syrie. À Mme Hanoune de s'interroger si une telle décision est liée au refus de l'Algérie d'installer une base de l'Africom, aux hydrocarbures ou aux positions algériennes par rapport à la décolonisation des peuples coloniaux et aux questions de souveraineté nationale. Elle a aussi noté que “les déclarations (d'Alger) ne suffisent pas à elles seules”, alors que le combat de l'Algérie contre le terrorisme est reconnu dans le monde.