La campagne pour la présidentielle en Ukraine s'est achevée vendredi dans un climat tendu, laissant craindre des manifestations à l'issue du scrutin d'aujourd'hui qui s'annonce serré. L'opposant pro-russe Viktor Ianoukovitch et le Premier ministre Ioulia Timochenko ont rassemblé leurs supporters dans le centre de Kiev. Viktor Ianoukovitch a promis, dans une émission télévisée grand public, de lutter contre la corruption et plaidé en faveur d'une “presse libre et indépendante”, avant d'ajouter que les informations publiées sur lui dans les médias “n'étaient pas vraies à 90%”. Invitée sur une autre chaîné, Mme Timochenko a quant à elle “demandé pardon” aux Ukrainiens si elle “n'étais toujours pas à la hauteur” de leurs attentes. “Mais mes valeurs n'ont pas changé”, a-t-elle assuré. Signe des tensions existantes après une campagne agressive, les services secrets ukrainiens (SBU) ont pour leur part annoncé dans la soirée l'arrestation d'un homme “en possession d'engins explosifs et d'armes à feu” qui “aurait pu vouloir commettre un crime au cours” des rassemblements électoraux. À l'avant-veille du scrutin, l'opinion semblait avant tout soucieuse d'en finir avec l'instabilité politique qui a miné le pays ces dernières années, sous la présidence de Viktor Iouchtchenko, héros de la Révolution orange, sans trop attendre de l'élection elle-même. Cristallisant les inquiétudes, M. Iouchtchenko, battu au premier tour de la présidentielle le 17 janvier, a appelé les forces de l'ordre à se mobiliser pour “couper court à toute manifestation de terrorisme”. Ces derniers jours, les candidats se sont mutuellement accusés de préparer des fraudes électorales et Mme Timochenko a brandi la menace de manifestations massives. Son rival a rejeté ces accusations et relativisé cette menace, estimant que son adversaire se comportait en perdante. “Les gens normaux n'iront pas” manifester, a commenté M. Ianoukovitch. La précédente présidentielle en 2004 déboucha sur un soulèvement pacifique pro-Occidental, baptisé Révolution orange, dont Mme Timochenko fut l'égérie. Des centaines des milliers d'Ukrainiens manifestèrent alors contre la “victoire” de M. Ianoukovitch, finalement invalidée pour fraudes.