Le roi Mohammed VI, qui a échoué dans la vente de son projet d'autonomie élargie, c'est-à-dire des Sahraouis qui s'administrent sous le drapeau marocain, joue la carte de la régionalisation qu'il a développée dans son dernier discours à sa nation. De guerre lasse, l'ONU a imposé la reprise des discussions sur le Sahara occidental et le secrétaire général est monté au créneau en personne, relayé par les Etats-Unis, l'Espagne, la puissance administrante aux yeux de la légalité internationale, et même la France. L'Algérie s'est félicité bien entendu de l'annonce des discussions informelles sous l'égide de Christopher Ross. Cependant, les Sahraouis restent sur leurs gardes quant à leur succès, tant que la partie marocaine persévère dans ses hostilités à la seule solution constructive pour la paix dans le Maghreb. À savoir le plan de décolonisation telle que prévue par l'Onu. En participant aux nouvelles discussions, le Front Polisario marque sa disponibilité et son entière confiance dans l'Onu, tout en faisant preuve d'ouverture quant à des compromis acceptables qui permettent aux négociations avec le Maroc d'entrer dans une phase intensive et substantielle. Le Maroc, qui s'est toujours considéré comme pas tenu du tout par les résolutions onusiennes, s'apprête de son côté, et de nouveau, à torpiller les discussions informelles sur le Sahara occidental qui s'ouvrent mercredi à New York. Pour gagner du temps, il va sortir de sa boîte de pandore sa politique de régionalisation, ses plans d'autonomie de la colonie espagnole ayant fait choux blancs. Alors, la communauté internationale va-t-elle se laisser gruger, après 35 années de faux- fuyants ? À croire les récentes déclarations de Ban Ki-moon, le Maroc serait dos au mur, tous ses stratagèmes ayant été éventés les uns après les autres. Mais, le SG de l'Onu n'a pas voulu être frontal avec les autorités marocaines en leur offrant une voie de sortie honorable. Les pourparlers de New York, voulus et décidés — la précision du communiqué de l'Onu est en elle-même importante — par Christopher Ross, le représentant spécial de Ban Ki-moon au Sahara occidental, se veulent des contacts informels. Mais ce n'est pas un simple tour de table comme tente de l'accréditer le Maroc. C'est le préalable, autrement dit, une obligation pour ouvrir les vraies discussions prévues dans un cinquième round à Manhasset, la banlieue new-yorkaise cossue où se sont retrouvés Sahraouis et Marocains. Derrière le langage d'ouverture, le Conseil de sécurité avertit en quelque sorte le Maroc, qui n'a cessé de torpiller le processus enclenché par l'ONU à la lumière de résolutions pertinentes qui rappellent que la Sahara occidental restait un cas de décolonisation. Ban Ki-moon n'a-t-il pas explicitement montré du doigt, devant le 14e sommet de l'UA à Addis-Abeba, l'entrave au processus de négociations à laquelle se livrent les autorités marocaines et nous ajouterons la France, laquelle, par ailleurs, assure la présidence tournante du Conseil de sécurité. Justement, Rabat compte sur Paris pour saboter les efforts de la communauté mondiale à mettre en œuvre la solution définitive, juste et durable que le peuple sahraoui appelle de ses vœux. Le roi Mohammed VI, qui a échoué dans la vente de son projet d'autonomie élargie, c'est-à-dire des Sahraouis qui s'administrent sous le drapeau marocain, joue la carte de la régionalisation qu'il a développée dans son dernier discours à sa nation. En réalité, ce projet et son prédécesseur, c'est bonnet blanc, blanc bonnet, du pareil au même. La régionalisation ! Ce n'est qu'un peu plus d'autonomie, mais sous la botte de Rabat. Si les Nations unies en viennent à présent à exiger la reprise des pourparlers avec l'objectif de relancer le processus de Manhasset, c'est parce qu'elles souhaitent en finir avec un problème qui perdure depuis trente-cinq ans maintenant, qui empêche la région de se construire, freine son développement et porte les germes d'ingérences étrangères, notamment au nom de l'instabilité qui s'installe dans le Sahel. C'est parce que le Maroc s'est employé, avec une mauvaise foi caractérisée, à bloquer le processus et, en fin de compte, à retarder la solution juste. Que fera Ban Ki-moon qui invoque le droit et la légalité, s'il venait aux autorités marocaines de persévérer dans leur posture de fuite en avant ? Peter Van Valsum, l'ancien envoyé personnel du SG des Nations unies au Sahara occidental, avait constaté, avant de céder sa place à Christopher Ross, qu'“il n'y a aucune pression sur le Maroc pour qu'il abandonne sa revendication de souveraineté sur le territoire du Sahara occidental”. C'est tout dit.