Intervenant sur BFMTV, il y a quelques jours, le ministre français de l'Immigration et de l'Identité nationale a abordé, encore une fois, l'actualité inhérente à la proposition de loi, déposée récemment par 125 députés algériens, visant à criminaliser la colonisation de l'Algérie par la France de 1830 à 1962. Après avoir “regretté” l'initiative des parlementaires algériens, estimant qu'il convient “d'oublier la colonisation et la post-colonisation. Il faut dépasser cette question très sensible”, Eric Besson revient à la charge sur la chaîne française d'information continue en affirmant que “les crimes commis par des Français en Algérie ont été traités, pour beaucoup d'entre eux, juste après la guerre d'Algérie. Moi, mon sentiment, c'est qu'il faut dépasser”. Sa déclaration, reprise hier par le quotidien français Libération, a suscité moult commentaires, notamment sur son caractère erroné, à telle enseigne que l'auteur de l'article l'a titré “Besson glisse dans un trou de mémoire”. Il est avéré, en effet, par le truchement de récits d'historiens, que les faits de la guerre d'Algérie n'ont jamais été punis par les autorités françaises après l'indépendance du pays le 5 juillet 1962. D'ailleurs, il est rappelé, dans l'écrit de Libération, que “s'il y a eu condamnation en France juste après la guerre d'Algérie”, c'est essentiellement de membres de l'OAS, dont certains ont été condamnés à mort et exécutés. Rapidement, toutefois, plusieurs lois (1964) ou “grâces présidentielles ont amnistié les putschistes, jusqu'à leur réintégration dans l'armée fin 1982”. Benjamin Stora, cité dans l'article en question, atteste que “dès l'indépendance de l'Algérie, une chaîne d'amnisties impose et construit l'oubli de la guerre”. Un autre historien, Guy Pervillé, également mis en référence par Libération, rappelle que “l'amnistie réciproque est même un fondement des accords d'Evian”.