Le Parlement européen a irrité Washington en bloquant un accord permettant aux autorités américaines d'accéder aux données bancaires des citoyens de l'UE pour lutter contre le terrorisme. Il rappelle par la même occasion que sa voix compte et pèse. 605 votants, inédit pour un jeudi au Parlement. Les élus libéraux, verts et la gauche ont formé une nette majorité, refusant ainsi la signature d'un accord qui rendait obligatoire le transfert des données bancaires Swift aux Etats-Unis. Pour la rapporteure du Parlement, la Néerlandaise Jeanine Hennis-Plasschaert, l'accord négocié par les gouvernements européens viole les principes de base de la loi sur la protection des données. L'utilisation des données financières pour lutter contre le terrorisme est certes nécessaire, a-t-elle estimé, mais il importe de protéger la vie privée des citoyens. En outre, les députés ont estimé que la loi imposée par Obama n'est pas réciproque. Pas de transfert de données sur les ressortissants américains. Ceux qui ont voté contre le loi Obama n'ont pas manqué de se demander quelle serait l'attitude du Congrès américain si l'administration américaine leur proposait de transférer en bloc les données de citoyens américains à une puissance étrangère ? “Nous savons tous quelle serait la réponse”, ont-ils répondu. Les eurodéputés, en fait, n'ont fait que demander l'application du principe de réciprocité dans les relations internationales. Ce veto du Parlement européen annule ainsi un accord signé fin novembre par les ministres de l'Intérieur de l'UE qui devait permettre aux Etats-Unis de continuer à surveiller le financement du terrorisme en utilisant les données bancaires européennes collectées par Swift, une société de droit belge qui organise et sécurise les flux bancaires internationaux. Le rejet de l'accord par le Parlement constituerait une menace pour la sécurité, a aussitôt prévenue la mission américaine auprès de l'UE. À Washington on déplore un revers pour la coopération antiterrorisme entre les Etats-Unis et l'Europe. Alors Obama ira-t-il jusqu'à ajouter ses alliés atlantiques dans sa liste noire ? Il ne faut pas rêvé, mais le Parlement européen, pourtant une vraie “auberge espagnole”, a montré qu'il pouvait faire preuve d'indépendance même à l'égard du Grand parapluie. Les listés de la liste noire devrait s'en inspirer et rendre la pareille à l'humiliation qu'inflige Obama aux 14 peuples, dont celui de l'Algérie. Les europarlementaires ont également signifié qu'ils ne sont pas à Strasbourg et Bruxelles pour ne chauffer que leur siège.