Le comédien Ahmed Gouraïn s'est illustré, le week-end dernier, au mythique café des artistes, le Tantonville, en présentant son one man show El Zariâa (la graine). Cette représentation originale en Algérie est en fait une initiative de la toute jeune association El Fendjan Ettaqafi (la Culture c'est ma tasse). À travers des réflexions très subtiles sur les malheurs et les malaises de la société algérienne, Ahmed Gouraïn a attiré l'attention par ses discours ironiques. Muni d'un journal comme instrument, il a développé les maux de la société d'aujourd'hui, entre grèves, cherté de la vie, etc. El Zariâa, c'est, en fait, l'histoire d'un homme qui perd la tête à cause de la situation précaire de son pays. Cru dans ses mots, cet homme dénonce tout haut ce que tous semblent penser tout bas. Il est alors traité de déséquilibré et se retrouve dans un asile psychiatrique où il relate son vécu, ce que contient son cœur. Il passe en revue son passé, raconte son présent, mais ne se projette pas dans l'avenir, ou du moins, dans l'avenir, il ne voit aucun espoir. Il estime que tous les maux sociaux sont dus à l'enseignement et à l'éducation. Le personnage dénonce également la normalité algérienne : en effet, tout a été normalisé dans ce pays, même la violence. Il rencontre un fou, un aliéné dénommé “Normal” qui réside comme lui à l'hôpital fondamental (une sorte de métaphore sur les écoles algériennes) et cet individu lui relate comment des enseignants apprennent la médiocrité aux enfants. Après quarante-cinq minutes de “dialogue” entre les deux écoles, Ahmed Gouraïn se réveille et constate que ce n'était qu'un rêve. Ce monologue a été écrit en 2007 et représenté dans le cadre de la manifestation “Alger, capitale de la culture arabe”. “J'ai effectué une tournée nationale en présentant ce spectacle qui dure en réalité une heure et demie. L'idée générale était l'enseignement, car c'est de l'école que se construit la personnalité”, a confié Ahmed Gouraïn. En outre, cet artiste a à son actif plusieurs spectacles et, actuellement, il prépare un spectacle sur l'immigration avec sa troupe El Amel, composée de jeunes comédiens.