Déterminés, les praticiens et praticiens spécialistes de la santé publique le prouvent chaque semaine par le nombre impressionnant qui rejoint les rassemblements organisés par les deux syndicats en grève. Appelé à se rassembler au niveau du Palais du gouvernement, les praticiens ont répondu présent. Près d'un millier de médecins étaient au rendez-vous, et ce, malgré un dispositif de sécurité des plus draconiens. Les alentours du Palais du gouvernement était en état de siège, des policiers quadrillaient le secteur et toutes les allées et venues étaient contrôlées. Personne ne pouvait accéder que ce soit par le Télemly, la Grande-Poste ou Pasteur, les habitants du quartier devaient présenter leur carte d'identité nationale pour être autorisés à passer. Les praticiens ont su toutefois déjouer le dispositif et tenir leur sit-in. Plusieurs praticiens témoignent avoir été malmenés et refoulés avant même d'arriver au niveau du Palais. “J'ai été refoulé une première fois du côté de la Grande- Poste. Me voyant marcher, des policiers se sont approchés de moi et m'ont demandé de faire demi-tour, tout en me signifiant qu'ils avaient reçu l'ordre de ne laisser aucun médecin circuler dans la capitale. Et quand j'ai insisté, ils ont failli m'interpeller”, a assuré le Dr Lyès Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSPS). Même son de cloche chez le président du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP). De son côté, le Dr Mohammed Yousfi affirme qu'il a “pris le bus pour venir” mais ce n'était pas suffisant. “M'ayant reconnu, les policiers ne m'ont pas laissé descendre au Télemly”. Après plusieurs tentatives, les praticiens ont réussi à se réunir au niveau du parc l'Horloge florale où des médecins ont commencé à scander leurs mots d'ordre habituels. Face à cette agitation, les policiers ont perdu leur sang-froid et ont commencé à frapper les protestataires. Un médecin spécialiste a été interpellé et embarqué par des policiers. Craignant que les choses ne dégénèrent, les agents de sécurité ont sommé les grévistes à rentrer dans le jardin. Un second groupe s'était réuni à l'entrée donnant sur la rue Pasteur, bloquant la circulation. Cette action sur le terrain a permis aux médecins en grève depuis plus de sept semaines de s'attirer la sympathie de la population. Les uns en face des autres, les protestataires commençaient à scander : “où sont nos droits ?” ou bien “à bas la répression”, “halte à l'apathie salariale !”, “la santé en danger, Ouyahia en congé” ou bien “syndicats apolitiques, mouvement pacifique”. Près d'une heure après le début du rassemblement, les médecins se trouvant dans le jardin ont commencé à faire pression sur les services de sécurité pour laisser leurs collègues les rejoindre à l'intérieur. Devant une telle pression, les policiers ont dû céder. Le Dr Merabet n'a pas caché sa colère. “Nous exigeons depuis ce matin d'être reçus par le Premier ministre ou quelqu'un de son équipe, ils ont refusé. S'ils nous avaient laissés entrer tout calmement, rien de tout cela ne serait arrivé. Ils nous ont repoussés comme des chiens dans la rue et maintenant, ils nous entassent comme si nous étions dans un zoo”, s'est écrié le Dr Merabet. Enfin tous réunis, les praticiens ont réussi leur rassemblement. Le Dr Yousfi a pris la parole et réaffirmé, encore une fois, que “les praticiens sont déterminés et ne feront pas machine arrière car la dignité n'a pas de prix. Nous avons droit à de bonnes conditions de travail et le citoyen a le droit d'avoir un système de santé publique digne de ce nom”. Avant la fin du regroupement, les deux présidents des syndicats ont rappelé que le sit-in de mercredi prochain devant le siège de la présidence de la République était maintenu.