La visite d'une douzaine d'assistants parlementaires (staffers) américains en Algérie, depuis trois jours, prend des allures d'une visite officielle de hauts responsables. La délégation américaine est reçue partout, pose ses questions à tout le monde et bénéficie d'une médiatisation officielle comme s'il s'agissait d'une visite d'un ministre ou d'un sénateur. En réalité, il s'agit d'assistants faisant partie de staffs appartenant au Parlement américain (Congress et Sénat). Parmi la délégation figure même un responsable du personnel. Il ne manquait plus que le chef de parc du Congress pour boucler la liste ! Hier, au siège du quotidien Echaâb, la délégation fut invitée à un débat au centre d'études stratégiques du quotidien. Dans l'assistance, on pouvait remarquer la présence de députés et sénateurs algériens, alors que pas même l'ambassadeur américain n'a daigné faire le déplacement. Ce sont les membres de la délégation américaine qui s'informaient sur l'Algérie et les questions régionales, histoire de justifier leur déplacement en Algérie. Jamais la diplomatie algérienne n'était tombée aussi bas. La délégation a été reçue par les présidents des deux Chambres du Parlement, par des membres du gouvernement et des organisations et institutions nationales. Toutes les règles protocolaires de réciprocité ont été bafouées. Car, à la limite, cette délégation pouvait très bien être reçue par ses pairs algériens, vu que les deux pays entretiennent une coopération parlementaire depuis plusieurs années. Mais cet impair vient confirmer la tendance générale dans les relations diplomatiques entre l'Algérie et les USA. Lorsque Hillary Clinton rend visite aux voisins, elle envoie des sous-secrétaires et parfois des adjoints aux sous-secrétaires à Alger. Lorsque le patron de l'Africom vient louer l'exemplarité de la coopération en matière de lutte antiterroriste entre les deux pays, Washington inscrit l'Algérie sur la liste noire des pays à risques. Pourtant, dans toute la région, l'Algérie reste le premier partenaire économique des Américains et leur principal allié en matière de lutte antiterroriste. La diplomatie algérienne n'a pas su tirer profit de ces réalités. Au contraire, elle a tellement fait des concessions qu'elle en subit présentement les conséquences.