En dépit des sanctions appliquées dorénavant par l'Union africaine et la communauté internationale aux pays dans lesquels on recourt aux coups d'Etat pour prendre le pouvoir, il ne se passe pas un an sans qu'un président soit renversé par la force sur le continent africain. Alors que la situation est encore floue en Guinée après le coup d'Etat du capitaine Dadis Camara, qui a pris le pouvoir le 23 décembre 2008 par la force au lendemain du décès du président Lansana Conté, l'Afrique a enregistré un nouveau coup d'Etat, jeudi, au Niger. Mamadou Tandja, qui s'accrochait à son poste après deux mandats, a été renversé par l'armée, laquelle annonce avoir pour objectif de rétablir la démocratie dans le pays. C'est toujours l'argument avancé par les putschistes pour justifier leur action, et cela depuis le premier coup d'Etat sur le continent en 1952, lorsque Mohamed Neguib a évincé le roi Farouk 1er en Egypte. Ce fut ensuite une succession de putschs, qui n'épargnèrent pratiquement aucun pays africain. Les plus célèbres sont ceux de Mouammar Kadhafi le 1er septembre 1969 en Libye, de Houari Boumediene en 1965 destituant Ahmed Ben Bella, de Mobutu Sese Séko la même année au Zaïre (actuel RD Congo) et de Jean Bédel Bokassa en Centrafrique une année plus tard. L'on citera également les coups d'Etat de Moussa Traoré qui a renversé Modibo Keïta au Mali en 1968, ainsi que celui du général Idi Amin Dada qui a déposé Milton Obote en Ouganda en 1971. Il y a lieu de signaler que le Sénégal, où s'est instauré une tradition démocratique après l'exemple donné par le premier chef d'Etat, Léopold Sédar Senghor, lequel avait démissionné de ses fonctions avant la fin de son cinquième mandat en décembre 1980, constitue une petite exception, même si une tentative d'assassinat du président Senghor a eu lieu le 22 mars 1967. Ainsi, aucune partie du continent n'a été à l'abri de ces prises de pouvoir par la force, dont le nombre avoisine aisément la centaine. Généralement, dans les pays africains, le pouvoir politique est détenu par un parti dominé par un individu, d'où l'absence d'alternance à la tête de l'Etat. L'accession massive de pays à l'indépendance à la fin des années cinquante et début soixante a provoqué une série de coups d'Etat à travers tout le continent en raison des conflits en majeure partie tribaux et, parfois, confessionnels. Il faut dire que depuis 2008, la situation est devenue inquiétante avec l'augmentation de la fréquence des putschs. On a enregistré pas moins de cinq coups d'Etat d'août 2008 jusqu'à maintenant, dont quatre dans un laps de temps de quatre-huit mois seulement. La fréquence est si effrayante que cela apporterait de l'eau au moulin de ceux qui affirment que l'Afrique n'est pas prête pour la démocratie. Avec la mise en place de l'Union africaine, qui condamne sans équivoque les prises de pouvoir par la force avec, en plus, l'application de sanctions sévères contre les pays concernés, les analystes pensaient que la situation allait changer. Malheureusement, il n'en est rien et l'on assiste régulièrement à des renversements aussi sanglants les uns que les autres. En Guinée, où Dadis Camara avait succédé à Lansana Conté sans effusion de sang, un bain de sang a eu lieu quelques mois plus tard dans un stade de Conakry où plus d'une centaine de partisans de l'opposition ont été massacrés alors qu'ils participaient à un rassemblement de protestation. Du pain sur la planche en perspective pour l'Union africaine, qui ambitionne d'éradiquer les coups d'Etat sur le continent. Mais, la question qui se pose est de savoir par quels moyens, car rien n'a découragé les candidats au pouvoir par la force.