La Société Générale va fêter le 18 mai prochain dix ans de présence en Algérie. Contrainte de renoncer à la création d'une société financière spécialisée après la suppression du crédit automobile, elle va tout de même poursuivre son développement dans le pays. Elle compte aujourd'hui une cinquantaine d'agences. Un réseau mis en place grâce au réinvestissement systématique des dividendes. Le capital de Société Générale Algérie est détenu à 100% par la maison mère. À son arrivée, la banque française avait entamé un rapprochement avec Khalifa pour un partenariat. Dans sa déroute totale, le groupe éponyme a, bien sûr, emporté le projet. En présentant jeudi à Paris le bilan annuel 2009, les dirigeants ont mis en évidence la “dynamique démographique” de l'Algérie et ses “ressources” qui en font un marché potentiellement porteur. La comparaison avec des pays de l'Afrique du Nord et de l'Afrique sub-saharienne montre tout le chemin qui reste à parcourir. La Société Générale est classée 1re banque privée en Côte d'Ivoire, 2e au Cameroun et en Egypte et 3e au Maroc. En 2009, elle a réalisé un résultat net de 125 millions d'euros en Egypte et de 55 millions d'euros au Maroc. Il a été de 24 millions d'euros en Tunisie et en Algérie. Dans notre pays, le secteur de l'immobilier apparaît désormais comme un marché potentiellement important. À condition, bien sûr, qu'il ne soit pas freiné par la question du foncier. Bien souvent, les promoteurs ou simplement les particuliers construisent sans les documents nécessaires à l'obtention du crédit. La deuxième banque française, qui a frôlé la catastrophe il y a deux ans en raison des positions prises par un de ses traders, a vu son bénéfice net divisé par trois en 2009 à 678 millions d'euros, un résultat néanmoins supérieur aux attentes du marché, affecté par d'importantes dépréciations et provisions sur son portefeuille d'actifs à risque, selon un communiqué publié jeudi. Le résultat est supérieur aux prévisions des analystes, qui tablaient sur 605 millions d'euros. Le portefeuille d'actifs liquides (difficiles à vendre), dont la valeur atteignait 37 milliards d'euros fin décembre 2009, a engendré une perte nette de 2,8 milliards sur l'année, dont 1 milliard sur le seul quatrième trimestre. La banque avait déjà prévenu mi-janvier qu'elle avait revu à la hausse, au quatrième trimestre, ses hypothèses de pertes sur les actifs adossés à certains titres du portefeuille, pour l'essentiel de l'immobilier résidentiel et commercial américain. Malgré la comptabilisation de ces éléments en banque de financement et d'investissement, les activités de marché ont opéré un net redressement en 2009, portées par le rebond des marchés. Les revenus générés par cette partie de la banque ont plus que quadruplé et dégagé sur l'année un bénéfice de 623 millions d'euros contre une perte de 1,8 milliard en 2008. Concernant la rémunération des équipes de marché, Société Générale ne donne pas de montant mais a précisé qu'en moyenne, 55% des rémunérations variables sont différées sur les trois exercices suivants. Cette partie différée peut faire l'objet de reprises en fonction de critères de performance et a vocation à n'être versée qu'en actions (ou instruments indexés sur le titre Société Générale). Hors la banque de financement et d'investissement, les autres grands métiers de la Société Générale, mis à part la gestion d'actifs, ont souffert d'une augmentation du coût du risque (impayés) qui a dégradé leur rentabilité, même s'ils sont tous restés bénéficiaires. Principal contributeur au résultat en 2007 et 2008, après une période de domination de la banque de financement et d'investissement, la banque de détail en France conserve son rang avec un bénéfice de 971 millions, mais enregistre un recul de 22%. Pour 2010, après “une année de transition”, la Société Générale est “confiante dans sa capacité de rebond”, selon son P-DG qui a annoncé un plan de transformation sur 5 ans : ambition SG 2015. Le plan s'articulera autour de quatre priorités : recentrement de la banque sur ses métiers fondamentaux (réseaux et banque de financement), une offre plus que jamais tournée vers le client, une politique des ressources humaines propice au développement des talents et responsable en matière de rémunération et une mutualisation des moyens de production. En matière de rémunération, 2 600 personnes devraient bénéficier de 250 millions d'euros de bonus, soit une moyenne de près de 96 000 euros. En ce qui le concerne, le P-DG a annoncé qu'il renonçait à son bonus, à ses stock-options et à recevoir des actions gratuites en 2010 au titre de 2009. Le successeur de Daniel Bouton, victime du trader Jérôme Kerviell, a justifié sa décision par le “caractère exceptionnel” de l'exercice 2009 et le fait que les actionnaires de la banque “ne toucheront les fruits de tout ce que nous avons engagé en matière de transformation qu'à compter de 2010”. Le P-DG juge préférable que “ce soit les résultats de 2010, [sa] performance 2010, qui soit évaluée par le conseil et rémunérée en conséquence”. A. O.