C'est à la suite d'un accident de la circulation qui a coûté la vie à un jeune habitant le quartier populaire Oued El-Had que de violents heurts ont éclaté. De violentes émeutes, le week-end dernier, ont secoué une partie de la ville de Constantine. Des jeunes et moins jeunes, issus du quartier populaire de Oued El-Had ont tenté de marcher sur le quartier, plus ou moins huppé, de Sidi Mabrouk pour venger B. B., mort la veille, écrasé par une voiture dans des circonstances non encore élucidées. Selon la version de jeunes émeutiers, tout a commencé mardi dernier quand le jeune B. B., âgé de 22 ans et habitant la cité des Frères-Abbès, connu sous l'appellation de Oued El-Had, fut écrasé par un autre jeune, B. K., 26 ans et habitant la cité des Lauriers roses, un pâté de maison situé au quartier de Sidi Mabrouk. Mercredi, vers 15h, une foule compacte a commencé à se former aux alentours de la mosquée Abdelaziz à quelques encablures de la maison de la victime. Juste après la prière d'El Icha, le sit-in improvisé s'est vite transformé en une marche qui s'est ébranlée en direction du quartier des Lauriers roses où réside la famille de B. K. Avant cela, le feu est mis dans des pneus usés à même la chaussée fermant à la circulation ce tronçon du boulevard de l'Est. Entre deux lancées de pierres, les marcheurs criaient vengeance. L'arrivée des forces d'intervention transforma les deux quartiers limitrophes d'Oued el-Had et de Sidi Mabrouk supérieur, séparés juste par une artère, en un véritable champ de bataille. D'un côté des émeutiers en furie munis de pierres et scandant des slogans contre la hogra et la marginalisation et, de l'autre, des policiers usant de bombes lacrymogènes et déterminés à stopper la marrée humaine afin d'éviter le pire. Les affrontements dureront une partie de la nuit de mercredi à jeudi à l'issue desquels une dizaine de personnes furent interpellées. Le lendemain, les premières personnes dehors ne peuvent que constater l'ampleur des dégâts avant que les agents de la voirie ne se mettent à effacer les traces de l'expédition punitive avortée. L'après-midi, après la prière du dohr, l'enterrement de la victime s'est déroulée dans le calme mais la forte présence policière sur les lieux n'a pas empêché l'éclatement, à la tombée de la nuit, de quelques échauffourées avant qu'une averse ne vienne disperser la foule et apaiser les esprits. À rappeler que faute d'une communication officielle des services qui mènent l'enquête préliminaire, plusieurs thèses sont avancées quant aux raisons de l'accident qui a coûté la vie à B. B. et failli faire d'autres victimes au sein de la famille du chauffeur B. K. L'autre point à relever est que la police de proximité ne semble pas encore rodée car les services de police censés faire dans la prévention n'ont rien vu venir alors que la colère couvait, déjà, 12h avant le début des émeutes.