Pour le département de Ould-Abbès, la prise en charge de l'Etat a été assumée jusqu'au bout dans cette affaire. Piqué au vif par un article, paru dans l'édition de Liberté du 15 février sous le titre “Le ministre de la Solidarité nationale au banc des accusés”, Djamel Ould-Abbès a tenu à riposter à ce qu'il considère comme des “allégations” portées contre lui et son département, par deux victimes des actes de violence commis par un groupe d'habitants de haouch Haïcha à Hassi-Messaoud, en juillet 2001. Les deux femmes, invitées à témoigner de leur drame dans une conférence de presse tenue dernièrement à Paris, ont affirmé que le ministère de la Solidarité nationale les a laissées, livrées à leur triste sort sans aucune aide ou assistance, pendant toutes ces années. “C'est complètement faux”, s'emporte M. Bouchenaki, secrétaire général du département ministériel, chargé avec Mme Meziani, ex-sous-directrice de la solidarité au sein de la même institution, d'apporter des correctifs aux assertions de Mme Rahmouna et sa camarade de malheur (les deux victimes des faits de Hassi-Messaoud). Mme Meziani a ressorti des tiroirs son calepin, vieux de neuf ans, pour n'oublier aucune action entreprise par son ministère en faveur des 105 femmes agressées dans la nuit du 13 au 14 juillet 2001. “Immédiatement après les faits, une équipe a été envoyée sur les lieux pour porter assistance aux victimes sur les plans psychologique, social et sécuritaire”, assure-t-elle. La majorité des femmes ont réintégré le milieu familial. Il restait treize personnes, celles qui ont été atteintes dans leur intégrité physique, qu'il fallait transférer à Alger “pour les extraire de l'ambiance de violence”, nous dit-on. “Elles ont été prises en charge entièrement sur le plan hébergement, restauration et habillement au centre d'accueil Darna, pendant plus de trois ans. Des aides financières directes leur ont été octroyées régulièrement”, rapporte M. Bouchenaki. Il ajoute qu'un collectif d'avocats a été constitué pour leur défense, lors du procès délocalisé à Biskra. “Elles ont préféré pardonner. C'est leur choix”, souligne-t-il pour expliquer pourquoi elles n'ont pas obtenu de réparation matérielle, qu'aurait décidé la justice. En 2004, neuf sur les treize victimes sont réinsérées socialement et familialement. Trois uniquement demeuraient à la charge du ministère de la Solidarité nationale. “Nous les ravitaillons en permanence en denrées alimentaires et vestimentaires. Nous avons, en notre possession, les décharges signées de la main des bénéficiaires”, poursuit notre interlocuteur, en brandissant les fameux documents. Il retire aussitôt de son attaché-case d'autres pièces administratives, justifiant l'octroi de microcrédits Angem aux deux jeunes femmes ayant témoigné contre son ministère à Paris. “Nous avons fait des démarches auprès des autorités compétentes pour les aider à obtenir des locaux rapidement afin d'ouvrir des taxiphones”, ajoute-t-il. Mme Meziani certifie, pour sa part, que la porte de son bureau n'a jamais été fermée à ces femmes-là, même hors jours de réception. “C'est une affaire que nous avons prise à cœur. C'est pour cela que l'article nous a fait mal”, déclare M. Bouchenaki qui ne manque pas de s'interroger sur les dessous de la démarche de Mme Rahmouna et de son amie, et surtout qui sont les instigateurs.