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DGSN : de quoi sera fait l'après-Tounsi ?
Succession à la tête de la police
Publié dans Liberté le 28 - 02 - 2010

De tradition, la fonction du DGSN revenait à un ancien officier supérieur de l'ANP sauf pour le cas de M'hamed Tolba, seul civil à avoir occupé ce poste.
La disparition tragique de Ali Tounsi plonge la direction générale de la Sûreté nationale dans un tourbillon. Au-delà de savoir qui succédera à Ali Tounsi, c'est le devenir même de cette institution qui est en jeu.
Il est vrai qu'il est difficile d'imaginer une succession rapide de celui qui a présidé aux destinées de la Police nationale pendant 15 années, et quelles années ! Une décennie noire et une autre qui a commencé avec une inquiétante recrudescence de la criminalité urbaine et, pour clore le tout, une descente dans le bourbier de la corruption qui n'était qu'à ses débuts. Pour l'instant, l'intérim de la DGSN est assuré par Abdelaziz Affani, le directeur de la Police judiciaire, un proche du défunt. Cet intérim risque de durer puisqu'il n'est pas évident de trouver une personne consensuelle qui serait en mesure d'assumer cette lourde tâche en ce moment très délicat.
De tradition, la fonction du DGSN revenait à un ancien officier supérieur de l'ANP, sauf pour le cas de M'hamed Tolba, seul civil à avoir occupé ce poste. Y aura-t-il une promotion interne ? Probablement, puisque l'institution recèle en son sein des cadres qui ont fait leurs preuves. Mais une institution de l'importance de la police, avec tous les défis auxquels elle fait face, pourrait avoir besoin d'un véritable chef qui soit capable de faire respecter la discipline, d'apporter un plus de professionnalisme et de transcender les susceptibilités internes. C'est pourquoi, l'idée de nommer une personne étrangère à la famille de la police n'est pas à écarter non plus. Ceci étant, c'est le devenir de la police qui est en jeu. Car, quoi que l'on dise, la mort de Ali Tounsi ne devrait pas remettre en cause le travail de modernisation et de professionnalisation entamé par le défunt.
Il y a, d'abord, la question de l'état d'esprit des policiers, avant et surtout après ce tragique incident. Noureddine Yazid Zerhouni aurait, selon notre confrère El Khabar, ordonné à ce que tous les éléments de la Sûreté nationale subissent des tests psychologiques périodiques obligatoires.
Cette décision n'est pas nouvelle puisque le défunt avait déjà introduit des tests psychologiques à ses troupes dans des structures sanitaires dépendant de la DGSN. De l'aveu même de Me Farouk Ksentini, le président de la Commission nationale de protection et de promotion des droits de l'Homme, les policiers subissent continuellement des pressions psychologiques. Ces tests devraient être sanctionnés par des mesures disciplinaires allant jusqu'à la révocation d'agents pouvant représenter un danger.
La nature même du travail des policiers l'exige, en dehors du fait que la situation de l'Algérie est particulière. Les policiers, qui ont vécu la décennie noire et qui étaient au cœur de la lutte antiterroriste, ont gardé des séquelles. Les jeunes recrues n'ont pas vécu cet enfer et ne le comprendront peut-être jamais. Entre les deux générations, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Des “ripoux” d'un nouveau genre sont devenus légion, cela va de la simple “tchippa” perçue sur la voie publique, aux grosses affaires de corruption où l'on ferme les yeux, pour ne pas dire qu'on couvre les nouveaux milliardaires. Des suicides, des bavures policières, des révocations, des emprisonnements, des mutations, sont devenus monnaie courante au sein de l'institution qui, il faut le dire, ne pouvait être épargnée des maux qui rongent la société. La tâche du futur DGSN sera d'autant plus compliquée qu'il lui incombe de faire preuve de beaucoup de pédagogie, associée à une discipline de fer, pour éloigner ce corps de toutes les tentations et de toutes les pressions. Pour ce faire, une amélioration de la situation sociale des policiers paraît indispensable. Mais, au-delà des considérations matérielles, c'est la formation des policiers et leur suivi, dans tous les aspects (physique, psychologique, culturel, etc.) qui est appelée à subir quelques aménagements, afin de s'assurer que tel agent est réellement apte à exercer ce métier et digne de la confiance de ses supérieurs et des citoyens qu'il est censé protéger. Il est vrai que les recrutements effectués, en pleine crise sécuritaire, et même après, n'ont pas toujours été basés sur les aptitudes physiques et psychologiques des candidats.
Maintenant que la hantise sécuritaire n'est plus ce qu'elle était, on s'engage dans la police comme on s'engage dans n'importe quelle autre entreprise. À la différence que le métier de policier a certaines exigences et certaines contraintes qui ne semblent pas être assimilées par tout le monde au sein de cette institution. On n'entre pas dans cette institution pour se servir, on n'y entre pas pour exprimer ses opinions politiques ou religieuses, on n'y entre pas pour défendre une région. Cela, certains ne l'ont pas compris, ou peut-être que personne ne leur a fait comprendre.
Loin de constituer une rupture, la succession à la tête de la DGSN devrait être plutôt, une reprise en main de cette institution appelée à jouer un rôle plus percutant dans la lutte contre les maux qui rongent la société.


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