Les changements opérés dans le régime alimentaire et l'hygiène de vie, combinés au stress de la vie moderne, exposent de plus en plus la population locale aux risques de la HTA. Plus du tiers de la population algérienne, âgée de 18 ans et plus, souffre de l'hypertension artérielle, a révélé le Pr Temmar, cardiologue, en se référant à une enquête épidémiologique récente réalisée par la société algérienne de l'hypertension artérielle (Saha). Devant au moins 300 participants à la journée scientifique sur la HTA, organisée hier à l'hôtel Hilton par le collège algérien des cardiologues libéraux, le Pr Temmar a précisé que c'était là un phénomène relativement récent en Algérie, mais aussi dans les autres pays du Maghreb. “La consultation des registres médicaux, pendant la période coloniale, retrouve très peu d'hypertendus dans la population autochtone”, a-t-il indiqué. Il a ajouté qu'une étude, ayant ciblé sept oasis dans le sud, a montré que la prévalence est la même, voire plus grande que dans les villes du nord du pays. Selon lui, les causes de la progression alarmante de la HTA se révèlent dans “une inadaptation de l'homme au nouvel environnement socioéconomico-professionnel”. En Algérie, les changements opérés dans le régime alimentaire et l'hygiène de vie, combinés au stress de la vie moderne, exposent de plus en plus la population locale aux risques de la HTA. Le cardiologue a affirmé que cette maladie chronique est mal prise en charge en Algérie. Beaucoup d'hypertendus ne savent pas qu'ils le sont et ne se traitent pas en conséquence. Les malades diagnostiqués observent souvent mal ce traitement thérapeutique. “Les médicaments coûtent chers, notamment pour les non-assurés”, a asséné le Pr Temmar. Sa consœur, le Dr Adghar, a enchaîné que la HTA est la cause la plus rapportée dans la mortalité des sujets de plus de 60 ans. Elle a mis à l'index le déficit d'observance du régime thérapeutique et particulièrement un contrôle tensionnel insuffisant, alors qu'il est primordial dans la prévention des complications liées à l'augmentation de la pression artérielle. “Seuls 23,5% des patients présentent un contrôle tensionnel satisfaisant dans le pays”, a indiqué la conférencière. le Pr Farid Haddoum, chef de service néphrologie au CHU Parnet, et le Pr Nabyl Tabti, responsable de la formation médicale continue auprès du collège algérien des cardiologues libéraux, se sont attelés à disséquer les complications de la HTA en insuffisance rénale, infarctus du myocarde ; insuffisance cardiaque, accidents cardiovasculaires... “la HTA reste la première cause de l'insuffisance cardiaque malgré les progrès des thérapeutiques anti-hypertensives”, a expliqué le Pr Tabti, ajoutant que les risques y afférents sont six fois plus grands.