Reprise des navettes diplomatiques américaines au Moyen-Orient. Mitchell et Biden dans la région pour tenter de lancer des négociations indirectes, avec l'assentiment de la Ligue arabe. Echec annoncé et il en sera ainsi tant que Washington ne cherchera qu'à contenter les Israéliens. Qui laisse faire consent. Netanyahu n'a de cesse de montrer ses crocs. La communauté internationale, à commencer par les régimes arabes, premiers concernés par la question palestinienne, continue d'observer la politique de l'autruche. Les ultras israéliens font main basse sur la mosquée Al-Qods, le Conseil de sécurité de l'ONU n'a rien trouvé de mieux que d'exhorter “toutes les parties” à éviter des actes provocateurs ! Colonisés et colonisateurs dans le même sac ! Du jamais vu à l'ONU où quand il était estimé qu'Israël allait trop loin, on l'appelait, quand bien même dans la langue de bois, à de la retenue. Le Conseil s'est plié à la posture d'Obama, le président américain qui a fini par céder complètement aux sirènes israéliennes. La France lui a donné un coup de pouce en faisant donner le Gabon qui assume la présidence tournante du Conseil de sécurité. Ali n'aurait jamais pu succéder à son père Omar Bongo sans l'intervention énergique de l'Elysée. Pour ne pas donner mauvaise figure, le Conseil, saisi par l'observateur permanent de la Palestine à l'ONU, pour faire cesser les nouvelles violences perpétrées par Israël, à Jérusalem-Est notamment, a assuré la reprise imminente des négociations. Des négociations pour quoi faire ? Comme par hasard, la nouvelle provocation israélienne coïncide avec les efforts diplomatiques américains pour relancer le processus de paix. Washington, qui n'a pas réussi, jusqu'à présent, à relancer les négociations de paix directes entre Israël et les Palestiniens, suspendues depuis plus d'un an, s'efforce désormais de lancer des pourparlers “indirects”. Mitchell, l'envoyé spécial de la Maison-Blanche pour la question palestinienne, est dans la région jusqu'à aujourd'hui pour une série de rencontres, après des mois de navettes diplomatiques infructueuses visant à ramener les deux parties à la table des négociations. Le vice-président Biden lui viendra en renfort. Il est attendu en Israël et dans les Territoires palestiniens en fin de semaine. Obama se dit d'autant plus optimiste qu'il a obtenu, sans lâcher quoi que ce soit, le quitus de la Ligue arabe ! Les ministres arabes des Affaires étrangères se sont prononcés la semaine dernière en faveur de tels pourparlers indirects. Le soutien des régimes arabes a été applaudi par la communauté internationale. Le consentement des régimes arabes a sorti les Européens de Bruxelles du cul-de-sac. Les opinions européennes, lassées par les provocations israéliennes, avaient contraint leurs représentants à bouger pour venir en aide aux populations palestiniennes. Dans certaines capitales européennes, il a même été fait allusion à la proclamation d'un Etat palestinien par les Palestiniens. Cette menace n'a pas été entendue chez les Arabes. Ce n'est pas surprenant. La Ligue arabe croit toujours en la bonne étoile d'Obama, alors qu'il n'a de cesse d'asséner son alignement inconditionnel. Et puis ce n'est pas nouveau : ses membres ont, de tout temps, accepté d'être dupés. Pourvu que leur pouvoir ne soit pas remis en cause. D'ailleurs, le dernier atout entre les mains de la Ligue arabe est la reconnaissance d'Israël. C'est-à-dire, suivre la voie capitularde du Caire et d'Amman et ainsi seront négligés définitivement par les pouvoirs arabes la nature d'Israël et son projet dans la région. La quadrature du cercle se présente comme suit : Obama cherche à instaurer la paix avec la Palestine sans fâcher Israël. Netanyahu cherche, lui, encore plus d'hégémonie sur la région et à étendre son projet sioniste. Le Premier ministre israélien a décidé d'inclure deux lieux saints situés en Cisjordanie, le Tombeau de Rachel à Bethléem et le Caveau des patriarches à Hébron, dans la liste des sites du patrimoine national israélien, ce qui constitue une annexion de ces deux sites, déjà, de fait, sous contrôle israélien. Il a également annoncé qu'Israël n'acceptera jamais, quels que soient les accords de paix conclus avec les Palestiniens, de se retirer de la vallée du Jourdain ! Prises de position politiques lourdes de symboles, au moment où l'Administration Obama tente de renouer le fil ténu de la négociation. Comme tous ses prédécesseurs, le Premier ministre israélien s'est lancé dans une course contre la montre acharnée pour inscrire son nom au tableau d'honneur sioniste : plus il réussira à confisquer d'autres parcelles de territoires, à laisser hors-jeu les Palestiniens, et plus il les éloignera de leurs revendications, plus il maintiendra le monde arabe dans la division. La région dans l'instabilité chronique, signifie pour Israël la soumission de la puissance américaine à son seul profit. Quant aux pouvoirs arabes, englués dans leurs contradictions et leurs propres problèmes nationaux, tant qu'ils pensent que les Occidentaux feront le minimum sans qu'ils bougent de leur place, ils ne pèseront rien. Absolument rien. La fuite en avant. Les chefs arabes s'en remettent encore aux Américains en appuyant la trouvaille d'Obama, des négociations indirectes. La vérité : est-ce que les régimes arabes veulent vraiment soutenir la cause palestinienne ? Eux qui ont laissé Israël faire ce qu'il veut sur le champ palestinien qui a éclaté, s'est divisé. Il faudra que la Ligue arabe explique aux peuples arabes pourquoi s'est-elle engagée dans cette voie de discussions indirectes alors que des discussions directes avec la participation de plusieurs puissances occidentales n'ont rien donné de concret ? Une prime pour Israël déterminé à raser davantage de maisons palestiniennes. Les Palestiniens sortiront dépossédés comme à l'issue de toutes les négociations précédentes. Parfois force est d'admettre que Hamas n'a pas tort.