Bien que sa diplomatie des navettes ait montré ses limites, George Mitchell, l'envoyé spécial de la Maison-Blanche, est de nouveau au Moyen-Orient pour sauver le processus de paix initié par Obama. Cette fois-ci, l'entourage du président américain est formel : les pourparlers israélo-palestiniens devraient suivre cette tournée de Mitchell, qui a commencé le 3 mai, à Jérusalem. La presse israélienne, pour la première fois depuis les rejets consécutifs de Netanyahu aux invites d'Obama, semble partager les convictions de Washington. L'émissaire américain pour le Proche-Orient a rencontré hier le Premier ministre israélien et il se rendra à Ramallah vendredi pour convaincre le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Entre-temps, Netanyahu aura évoqué la relance du processus de paix avec le président égyptien, Hosni Moubarak, lors d'une rencontre à Charm El-Cheikh, station balnéaire sur la mer Rouge, très prisée par les touristes israéliens. En principe, rien ne s'oppose à l'ouverture de négociations de paix indirectes entre Israéliens et Palestiniens. Outre le consentement israélien à se mettre autour de la table, la Ligue arabe, réunie samedi 1er mai au Caire, a réaffirmé son soutien au principe de ces discussions dites “de proximité”, sous l'égide des Etats-Unis. Des négociations qui, selon la Ligue arabe, devraient durer quatre mois. L'Organisation de libération de la Palestine (OLP), qui n'attendait que cette couverture, s'est empressée d'entériner rapidement. Israéliens et Palestiniens se préparaient à la reprise de leurs pourparlers depuis quelques jours. Mais il n'y a pas lieu de pavoiser. Les négociations indirectes s'ouvrent dans un climat pour le moins pessimiste. Il s'agit uniquement, à ce stade, de pourparlers indirects, dits de proximité, via le médiateur George Mitchell, tant les positions des deux camps sont éloignées, en particulier sur Jérusalem. Ils sont censés durer quatre mois. Les deux parties ont finalement accepté d'évoquer d'emblée leurs principaux points de contentieux : les frontières, les colonies, les réfugiés palestiniens, le partage de l'eau et le statut de Jérusalem. De premières difficultés vont apparaître à propos de l'ordre du jour des discussions. Netanyahu a fait savoir qu'il souhaitait aborder rapidement la question de la sécurité en Cisjordanie, alors que les Palestiniens veulent commencer par celui des frontières, autrement dit les limites territoriales du futur Etat palestinien. Saëb Erakat, principal négociateur palestinien, a souligné également que si un seul des 1 600 logements de la colonie de Ramat Schlomo était construit, les pourparlers n'auront pas lieu. L'annonce de ce projet immobilier à Jérusalem-Est, début mars, avait incité les Palestiniens à refuser ces négociations. Selon le quotidien israélien Haaretz, Israël ne cédera pas d'un pouce sur ses exigences sécuritaires concernant la démilitarisation d'un futur Etat palestinien, dont Israël entend garder le contrôle des frontières et de l'espace aérien. Ce processus est donc très fragile. Mais Obama a tiré de son chapeau une carte maîtresse pour infléchir l'intransigeance de l'allié américain stratégique au Moyen-Orient : il laisse entendre qu'il organisera un sommet international courant septembre en cas d'échec du processus de paix, afin d'imposer une solution aux deux parties. C'est par l'intermédiaire de l'ambassadeur Mitchell qu'Israéliens et Palestiniens vont tenter d'engager un nouveau dialogue. Celui-ci avait été interrompu en décembre 2008, en raison de l'opération militaire israélienne “Plomb durci” à Gaza. Il s'agissait alors de négociations directes entre Abbas et le Premier ministre israélien de l'époque, Ehud Olmert, actuellement incarcéré pour détournements de fonds. Depuis, la position des Israéliens menés par la droite s'étant radicalisée, l'Autorité palestinienne n'a consenti à participer à des négociations que sous le parrainage direct du président américain Obama. Une façon d'impliquer davantage le principal soutien de l'Etat hébreu. D. Bouatta