La collection “Eclats de vie” des éditions tunisiennes Elyzad a publié, il y a quelques mois, le premier roman de la jeune et prometteuse écrivaine algérienne Wahiba Khiari intitulé Nos Silences, disponible en France depuis le 4 juin. Wahiba Khiari était enseignante d'anglais dans un lycée en Algérie, avant de s'exiler en Tunisie durant la sanglante décennie noire des années 1990. Aujourd'hui, elle vit toujours à Tunis, partagée entre son travail dans une librairie et sa passion pour l'écriture. Ce premier roman très troussé, écrit à la première personne du singulier, raconte les péripéties d'une jeune enseignante de langue anglaise dans un lycée. L'histoire de l'héroïne que l'auteure suit pas à pas, loin dans son exil tunisien, n'est en réalité que sa propre histoire. Un binôme fictionnel racontant dans une parfaite fusion un seul destin, tressant une même et unique trame. Le roman a reçu un accueil favorable. Un nouveau talent est indéniablement né. Son style simple, incisif, ses phrases ramassées et nerveuses et son sens de l'ellipse la rapprochent bien volontiers de celui de sa compatriote Leila Sebbar. Le thème qu'elle a choisi pour écrire son roman est peut-être déjà traité par d'autres écrivains, mais chacun y met son empreinte propre. Cette fille d'Alger, ayant vécu les horreurs crues des assassinats, des enlèvements, des viols, du racket, des massacres, les endoctrinements, les menaces avaient laissé en elle les séquelles d'une révolte à venir, les fulminations futures, les explosions colériques contre tous les silences des uns, les lâchetés insupportables, contre les abdications face à l'hydre intégriste. Le deuil est national, le drame est en chacun, toute une société qui se bat contre la monstruosité qu'elle a enfantée. Une culpabilité se dévoile au travers d'un récit qui résonne en mille et un regrets, malgré l'assurance et le bonheur d'être loin des turpitudes mortifères de l'héroïne, ses avanies, ses souffrances. Comment s'en débarrasser, comment se laver de cette infamie ?