La localité de Gdyel, située à une vingtaine de kilomètres à l'est d'Oran, vit au rythme de la contestation populaire qui s'est amplifiée suite à l'accroissement des protestataires qui récusent la liste de 173 bénéficiaires de logements sociaux locatifs (LSL). Hier, ils étaient plus de 300 familles à se masser devant le siège de la wilaya d'Oran. Parmi elles, des familles dont des proches auraient été arrêtés par les services de sécurité. Selon les déclarations des uns et des autres, une vingtaine de personnes ont été appréhendées pour leur participation au blocage de la RN11. Craignant un débordement, les autorités locales ont procédé au renforcement des forces de sécurité. Plusieurs quartiers aux alentours du siège de la wilaya ont été discrètement mais solidement quadrillés par les services de l'ordre. Le mécontentement général est spontanément né à la suite de l'affichage de la liste de 173 bénéficiaires à Gdyel. Les habitants de cette localité déshéritée, située à proximité de la prospère ville pétrochimique d'Arzew, ne décolèrent pas. Ils dénoncent à qui veut les entendre les “anomalies relevées dans la confection de la liste des attributaires”. Selon eux, de nombreuses personnes figurant dans la liste ne remplissent pas les critères en matière d'attribution. Ils exigent à présent l'ouverture d'une enquête officielle pour “déterminer les responsabilités”. “Il ne faut pas être devin pour comprendre que les noms des bénéficiaires ont des accointances familiales avec un responsable local”, affirment-ils. “Nous avons 3 191 demandes alors que nous ne disposons que de 173 LSL. Comment faire pour contenter la demande grandissante de la population ?” déclare un responsable local. Jusqu'en début d'après-midi d'hier, d'autres familles victimes du terrorisme gonflaient les rangs des manifestants qui menaçaient de durcir le mouvement de contestation. Les autorités locales ont renforcé le dispositif de sécurité pour éviter une réédition des émeutes de 2008. Des dizaines d'arrestations et plusieurs personnes avaient été blessées dans des affrontements entre les riverains et les services de sécurité. Cette situation a été vécue par d'autres familles occupant de nombreuses “favelas” dans la ville d'Oran. Là aussi, de graves incidents ont éclaté au niveau du bidonville “Coca”. Ce sont pas moins de 60 constructions illicites qui ont été démolies dans cette agglomération misérable et fortement occupée par des familles provenant de diverses régions du pays. Après les violents heurts entre les forces de l'ordre et les occupants, la tension est toujours palpable. Des sources concordantes font état de cinq personnes arrêtées alors que deux éléments des forces de sécurité ont été blessés. Dans le même contexte, il est fait également état de plusieurs personnes blessées du côté des protestataires. Les contestataires ont bloqué les issues menant à leur bidonville à l'aide de pneus brûlés et de troncs d'arbre. Des familles ont érigé des baraques de fortune pour fuir les affres du terrorisme. “Nous sommes plusieurs familles victimes du terrorisme. Nous avons élu provisoirement domicile dans cette partie de la périphérie dans l'attente de notre régularisation par les pouvoirs publics”, se plaignent des familles dont les demeures de fortune ont été démolies. Pas moins de 13 000 bidonvilles ceinturent la ville d'est en ouest alors que 55 000 habitations individuelles ont été classées en zone rouge. “Nous sommes confrontés au problème épineux des subterfuges tissés par des indus individus pour obtenir un logement par des moyens peu honnêtes. Cette situation pénalise les véritables personnes qui sont dans le besoin”, a affirmé un haut responsable au niveau de la wilaya d'Oran. Plus de 500 constructions illicites ont été démolies à travers les forêts de la wilaya, donnant lieu à des chocs violents. Dix bidonvilles ont été détruits au mois de janvier au niveau de “Coca”. Une autre opération identique a été opérée au lieu-dit “Le Rocher” qui s'est soldée par des manifestations d'une rare violence. Là aussi, onze habitations ont été rasées sous les yeux de leurs occupants. “Les autorités locales nous proposent de nous emmener dans nos villages qui ont été ravagés par le terrorisme. Cela fait douze ans que nous habitons ici avec nos familles. Nos enfants sont nés ici et vont à l'école ici”, s'offusquent des occupants originaires d'une wilaya limitrophe. S'il est vrai que des espaces de nombreuses forêts sont occupés par des familles pauvres et par des victimes du terrorisme, il n'en reste pas moins que le véritable problème est maintenant posé.