Un sérieux handicap pour les militaires nigériens qui, de nouveau, organisent un processus de transition après avoir chassé Tandja, l'un des leurs qui a tripatouillé la Constitution pour faire un autre mandat. La famine menace le Niger… Cinq ans après sa plus grave famine de la décennie, ce pays du Sahel, frontalier de l'Algérie, se trouve à nouveau en situation de crise. Le gouvernement intérimaire et les ONG appellent à la mobilisation internationale. Les organisations humanitaires présentes dans ce pays d'Afrique de l'Ouest ont lancé un appel à la mobilisation mondiale pour enrayer la crise alimentaire qui frappe cette année près de 7,8 millions de Nigériens, dont plus de 300 000 enfants, de manière grave. L'ex-président Tandja, préoccupé par sa révision constitutionnelle et son passage forcé aux présidentielles anticipées, avait mis entre parenthèses la menace de famine. Le gouvernement intérimaire, confié à une figure de l'opposition par les militaires lassés des frasques de l'ex-colonel reconverti en président civil, a joint sa voix à celles des humanitaires. Au moins ce gouvernement aura fait preuve de transparence sur une question qui va prendre de l'ampleur. En cause de cette famine, la baisse de la production agricole à laquelle fait face cette année le Niger. De l'ordre de 25%, selon l'Unicef. Conséquence : les réserves de céréales sont déjà épuisées. Or, la population doit encore tenir jusqu'à la prochaine récolte, en octobre. C'est ce qu'on appelle “la période de soudure”, durant laquelle se déclenchent les famines. Et pour traverser cette période, il faut nécessairement de l'argent, beaucoup d'argent. Mais, en dépit de son uranium, troisième producteur mondial, le Niger est en cessation de paiement. Tandja a dilapidé l'argent de l'Etat pour assouvir son ambition de demeurer à la tête du pays. La révision de la Constitution et le scrutin pour le renouvellement de son mandat ont coûté de l'argent. Il lui a fallu acheter une partie de l'establishment. La situation de famine qui s'installe au Niger concerne, par ailleurs, d'autres pays de la bande sahélienne, touchés par l'irrégularité des pluies. Au Tchad voisin, la crise alimentaire menace également près de 2 millions de personnes, estime l'Unicef. La famine n'arrive pas d'un seul coup, elle est précédée d'une crise alimentaire. Au Niger, plus de la moitié de la population y est déjà confrontée, dont 20% de manière aiguë. “Les régions du sud-est du pays, notamment, enregistrent un fort taux de malnutrition”, a détaillé le chef de mission pour Action contre la faim (ACF) dans le pays. Selon les grilles de comptage et d'analyses de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les spécialistes de la malnutrition et des crises alimentaires considèrent que le scénario au Niger est quasi identique à 2005. 2005, c'est le cauchemar des ONG. À l'époque, la communauté internationale avait réagi tardivement, ignorant les premiers signaux de la famine qui s'annonçait. Plus de trois millions de personnes avaient alors été gravement affectées par la faim, sans qu'aucun bilan du nombre de morts ait été publié. Point positif dans un sombre tableau, le gouvernement intérimaire semble cette fois mieux préparé à la situation. Et le coup d'Etat militaire de janvier dernier semble avoir donné du tonus aux préparatifs contre la famine. Les administrations collaborent à fond avec les ONG. Au début du mois, les militaires ont démarré un plan de soutien, avec une opération de vente promotionnelle de 60 000 tonnes de céréales prélevées dans ses réserves. Une cellule de crise alimentaire a été par la suite installée prioritairement par le gouvernement désigné par les militaires. Dans un premier temps, il s'agit de permettre à la population d'accéder au marché des ressources alimentaires, soit en baissant leur prix, soit en soutenant financièrement les ménages. Le but : aider la population à se nourrir en maintenant l'économie. Reste que pour mener à bien ce plan, il faut des fonds, d'où l'appel pressant lancé aux bailleurs internationaux. Le Niger a besoin d'un soutien international massif, a déclaré le Premier ministre Mahamadou Danda, qui estime qu'il manque 91 millions d'euros pour faire la soudure.