La junte nigérienne a formé lundi un gouvernement de transition de 20 membres parmi lesquels figurent cinq militaires et cinq femmes, selon un communiqué du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD, junte) lu à la radio d'Etat. Les ministères de la Défense, celui des Sports et celui de l'Environnement sont confiés respectivement à trois généraux de l'armée: Mamadou Ouseïni, Maï Manga Oumara et Abdou Kaza. Si la plupart des ministres civils sont peu connus du public, les trois généraux ont tous été des proches de l'ancien président déchu Mamadou Tandja. Les deux autres militaires qui entrent au gouvernement sont le colonel Ahmed Mohamed, aux Transports et le colonel Diallo Amadou, à l'Equipement. Le poste des Affaires étrangères est confié à Mme Touré Aminatou Maïga. L'intérieur à Cissé Ousmane, les Finances à Badamassi Anou et la Justice revient à Abdoulaye Djibo. La Communication et l'Information est occupée par une femme, Takoubakoye Aminata Boureima. Les membres civils sont tous des technocrates et sont pour la plupart inconnus du grand public. Aucune des personnalités, notamment de la société civile, pressenties en raison de leur combat contre le régime anticonstitutionnel de Tandja ne fait partie de ce gouvernement de transition. Selon des observateurs, ce gouvernement a comme priorités la gestion rapide de la famine que connaissent toutes les régions du pays, l'organisation d'élections libres et transparentes et le nettoyage du paysage sociopolitique et économique du pays par le biais de la lutte contre la corruption et l'impunité. Mahamadou Danda avait été désigné par le pouvoir militaire au poste de Premier ministre le 23 février. Pourtant, selon une ordonnance rendue publique le même jour, le président du CSRD, soit le nouvel homme fort Salou Djibo, assume les fonctions de chef de l'Etat et du gouvernement jusqu'à l'élection d'un nouveau gouvernement et l'établissement des nouvelles institutions. Le coup d'Etat du 18 février a été condamné par diverses organisations internationales et régionales, dont l'ONU, l'Union africaine (UA) et la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), alors que les militaires nigériens ont promis de tenir des élections afin de rendre le pouvoir aux civils, sans toutefois annoncer la durée de la période de transition. Ce coup d'Etat est survenu, après que M. Tandja, 72 ans, eut promulgué l'année dernière une nouvelle Constitution destinée à supprimer la limitation de deux mandats présidentiels avant la fin de son mandat qui expire le 22 décembre. Cette modification avait engendré une forte protestation de la part de l'opposition nigérienne et de la communauté internationale. La Cedeao a suspendu l'année dernière le statut de membre du Niger pour le pousser à rétablir l'ordre constitutionnel.