La France a bel et bien perdu son lustre, sa voix ne compte pratiquement plus. Ni au sein de l'Union européenne où la chancelière Angela Merkel fait preuve de vraie dame de fer en prenant tout son plaisir à asséner des volées de bois vert à ses voisins français qui n'avaient pas arrêté d'ergoter sur le couple franco-allemand en tirant la couverture vers eux. L'Allemande menace de faire éclater le système euro que Paris considère comme son bébé le plus abouti, au motif que les canards boiteux n'ont plus à bénéficier de cette couverture monétaire. Paris est également dans le collimateur de la patronne de Berlin pour ses déficits budgétaires abyssaux. La France n'est même plus écoutée dans son carré de la Françafrique où les saillies de Sarkozy passent mal. Et puis le fameux débat du successeur de la lignée de présidents qui ont donné à leur pays de la grandeur, ne serait-ce qu'au niveau symbolique et avec le souci de pas chercher à en faire trop, surtout dans le domaine de l'histoire coloniale, a révulsé mêmes les plus assidus du Palais de l'Elysée. L'homme africain, qui n'est pas rentré dans l'histoire, n'est passé ni chez les populations africaines, ni chez leurs élites ni chez leur régime. Alors que dire sur la scène internationale où depuis le départ de Jacques Chirac, la France s'est entièrement banalisée. La politique arabe indépendante s'est muée en alignement sur les thèses colonialistes et génocidaires d'Israël et la politique dans le tiers monde se confond à celle des Etats-Unis, avec en moins la puissance. Alors, dans un sursaut, Sarkozy essaye de redorer le blason de son pays en s'attaquant au monolinguisme et à la monoculture anglo-saxonne qui s'est propagée dans le monde à la faveur de la mondialisation, y compris dans l'aire francophone. Le président français a exhorté les pays de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) à faire de celle-ci une arme internationale contre le “monolinguisme” et la “monoculture” du monde anglo-saxon ! Sarkozy veut que l'OIF dépasse son cadre culturel pour s'investir dans le politique. Il n'a pas caché, lors de la réception donnée à l'Elysée à l'occasion de la Journée internationale de la francophonie et du 40e anniversaire de son organisation, son ambition de faire de l'OIF “un bras politique” des pays francophones. Sarkozy, qui n'est pas à un raccourci près, a même défendu la thèse selon laquelle défendre la langue française, c'est défendre les valeurs qu'elle porte. C'est au fond se battre pour la diversité culturelle dans le monde, pour toutes les identités culturelles du monde ! À ne plus rien comprendre lorsqu'en France, le même Sarkozy a déclaré la guerre aux immigrés au nom de l'identité française que son ministre de l'Identité assimile, sans retenue ni précautions, aux valeurs judéo-chrétiennes. Hier, c'était la culture française contre les autres cultures notamment celles du Sud et particulièrement, la culture islamique. Aujourd'hui si on cède sur le français, c'est qu'on cédera sur toutes les autres cultures et toutes les autres langues du monde ! Sarkozy qui aime les formules n'a pas hésité à qualifier la langue anglaise de prêt-à-porter culturel. “C'est l'uniformité”, a-t-il déclaré. Il n'aurait pas tort s'il avait fait preuve d'humanisme dans sa politique de l'immigration et de moins de discrimination dans l'assimilation des Français dont l'origine n'est pas la culture française. Il reste que le président français a lui-même évalué le poids de la Francophonie. Peut-être qu'un pays membre de l'Onu sur trois est aujourd'hui membre de l'OIF ou observateur, mais il n'y a que 200 millions de francophones de par le monde. Une goutte d'eau. Sans compter que cette langue se perd comme au Liban ou en Algérie où l'anglais et demain le chinois sont en pole position, marché économique oblige.