De la tribune du congrès de l'UMP, au Parc des expositions de la Porte de Versailles, à Paris, Nicolas Sarkozy a savouré, hier, sa victoire. Seul en lice dans son parti pour la présidentielle, il a été désigné candidat UMP à la présidentielle 2007 avec 98,1% des suffrages exprimés des adhérents du mouvement, selon le score donné par le parti. 69,06 % des 338 520 militants du parti majoritaire se sont exprimés, soit 233 779 votants sur lesquels 229 303 ont voté pour la candidature de Nicolas Sarkozy. Plus de 78 000 personnes, selon le numéro deux de l'UMP, Jean-Claude Gaudin, étaient présentes à la mi-journée. Le candidat de l'UMP en a fait une démonstration de force. Dans son discours d'investiture, Nicolas Sarkozy s'est voulu rassembleur : « Ma France, c'est celle de tous les Français qui ne savent pas très bien au fond s'ils sont de droite, de gauche ou du centre ». Et il a ajouté : « J'ai changé parce qu'à l'instant même où vous m'avez désigné, j'ai cessé d'être l'homme d'un seul parti, fût-il le premier de France. » Il a aussi fait référence aux visites et aux personnages qui ont marqué sa vie politique, citant notamment le mémorial de Yad Vashem, les moines de Tibéhrine, l'abbé Pierre ou encore Simone Veil. Candidat à la présidentielle, Nicolas Sarkozy l'est en fait depuis plus de quatre ans, depuis la réélection de Jacques Chirac à l'Elysée, le 5 mai 2002. Il a écarté un à un tous ses concurrents potentiels : Alain Juppé, contraint de mettre sa carrière politique en veilleuse après sa condamnation dans l'affaire des emplois fictifs de l'ancien RPR, Jean-Pierre Raffarin, Michèle Alliot-Marie, qui avait des velléités de se présenter à la présidentielle en dehors du parti, et qui a finalement annoncé, la veille du congrès, son ralliement à Nicolas Sarkozy. Dominique de Villepin est toutefois le seul des ténors de l'UMP, avec Jean-Louis Debré, le président de l'Assemblée nationale, à refuser de prendre part au vote. Le député UMP souverainiste, Nicolas Dupont-Aignan, a pour sa part choisi d'être candidat en dehors du parti. Nicolas Sarkozy a demandé aux militants lors de son arrivée au congrès de l'UMP de « faire un triomphe » à Dominique de Villepin. « Je vous demande de faire un triomphe à tous ceux qui viendront ici. Tous ceux qui viendront ici, j'en aurai besoin, vous en aurez besoin, la France en aura besoin », a lancé le président de l'UMP. « On ne gagnera que si je peux m'appuyer sur tout le monde. Le sectarisme, c'est pour les autres, ce n'est pas pour nous. » Le Premier ministre, Dominique de Villepin, arrivé à 11h, a fait une très brève apparition au congrès. Pour éviter tout incident, son arrivée n'a pas été annoncée aux congressistes. Aucune image de sa brève visite n'a été diffusée par le circuit de télévision interne sur les nombreux écrans géants répartis dans le hall alors que les orateurs continuaient à se succéder à la tribune. Le chef du gouvernement a été accueilli à une entrée discrète du hall par Nicolas Sarkozy et par l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin. Dominique de Villepin est reparti aussi discrètement qu'il était venu. La décision de M. de Villepin de ne pas participer au vote - avançant que le président Chirac n'a pas encore fait connaître ses intentions - avait suscité de vifs remous au sein de l'UMP. L'événement a attiré de très nombreux journalistes - environ 750 dont 250 étrangers, selon un proche du président de l'UMP. 8 TGV et 520 cars ont été affrétés pour l'occasion. 3,5 millions d'euros L'orchestration audiovisuelle de ce « sarko-show » a été confiée au réalisateur du jeu « Qui veut gagner des millions ? » (TF1) et de l'émission « Nouvelle star » (M6), Didier Froehly. « Nicolas Sarkozy organise aujourd'hui la surprise-partie la plus chère de l'année, dépensant plus de 3,5 millions d'euros pour une seule journée à la gloire de son ego », écrit Yann Wehrling, porte-parole national des Verts qui ont dénoncé « l'indécence » des dépenses consacrées au congrès de l'UMP. Ce chiffre a été fourni avant le congrès, organisé au Parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, par le trésorier de l'UMP, Eric Woerth. « Dépenser autant d'argent pour annoncer le résultat d'un simulacre de démocratie interne à l'UMP est indécent et injuste », ajoute le parti écologiste dans un communiqué. « Indécent au regard de la pingrerie du gouvernement sur les questions sociales. Injuste, car dans les faits, Nicolas Sarkozy mène sa campagne depuis des mois sous de multiples casquettes ». « Tout est en place » pour le lancement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy qui a choisi comme slogan « Tout devient possible avec Nicolas Sarkozy », a déclaré l'entourage du ministre de l'Intérieur à la veille du congrès de l'UMP. « Tout est en place » pour la campagne « Le QG de campagne sera ouvert au public la semaine prochaine », a-t-on ajouté de même source. Le QG de campagne du candidat Sarkozy est un ancien théâtre de 1000 m2, rue d'Enghien, dans le Xe arrondissement de Paris. Son directeur de campagne sera son directeur de cabinet au ministère de l'Intérieur, Claude Guéant. Une autre collaboratrice de Nicolas Sarkozy au ministère de l'Intérieur, Rachida Dati, devrait être une des porte-parole de campagne du président de l'UMP, avec le ministre de la Santé Xavier Bertrand, également pressenti. L'équipe de campagne de Nicolas Sarkozy devait lancer à 14h le site de campagne du candidat (www.sarkozy.fr), particulièrement sophistiqué avec un bouquet de chaînes télé baptisé NSTV (Nicolas Sarkozy télévision), des éditoriaux quasi-quotidiens, « l'image du jour » et un « maximum de scoops ». De leur côté, les jeunes militants réformistes de gauche de ReSo (réformistes et solidaires), ont lancé dans la nuit leur site « antisarko » (www.antisarko.net) avec pour ambition d'en faire un site portail pour tous les opposants au président de l'UMP.