Le verdict a été prononcé le jour même du conclave de Tizi Rached. Les dossiers des ex-détenus du mouvement citoyen, dont Belaïd Abrika, ont été renvoyés, avant-hier, par la chambre d'accusation près la cour de Tizi Ouzou, aux assises. Ainsi, après plusieurs renvois, le verdict a été prononcé le même jour que la tenue d'un conclave déterminant pour l'avenir du mouvement citoyen, de toute une région, mais aussi de toute une nation, qui avait, pour ordre du jour, la réponse à donner à l'invitation du premier magistrat du pays au dialogue adressée aux délégués authentiques du mouvement citoyen. Au moment où le pouvoir a lancé une invitation aux délégués authentiques du mouvement citoyen pour la mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur, par la voix du Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, d'abord et du chef de l'Etat ensuite, sur la demande, d'ailleurs de l'Interwilayas d'Amizour, le même pouvoir a encore actionné la justice pour qualifier les dossiers des 34 ex-détenus du mouvement citoyen de criminels. Pour rappel, ces 34 prévenus avaient été arrêtés le 25 mars 2002, au lendemain d'un discours de Bouteflika qui annonçait, le 12 mars, qu'il ne pouvait faire d'avantage de concessions à des revendications pourtant qualifiées de sa part de légitimes. Les arrestations ont été opérées par un véritable arsenal de policiers qui avaient fait assaut sur la permanence de la CADC qui n'était rien d'autre que le siège du théâtre communal Kateb-Yacine de Tizi Ouzou qui a été totalement rasé par les policiers et CNS engendrant des dégâts avoisinants 3 milliards de centimes. Ne trouvant pas de chefs d'inculpation, la justice, dont il n'était nullement besoin de démontrer qu'elle était “aux ordres”, avait voulu charger les prévenus d'une commission rogatoire qui ne contient rien d'autre que tous les maux dont a souffert la Kabylie durant le sanglant Printemps noir : assassinats, saccages, incendies, etc. En somme, un contenu hallucinant ! Il n'y a pas longtemps, ces charges ont tout de même étaient réduites à seulement cinq chefs d'inculpation : “incendie volontaire”, “destruction de biens publics”, “outrage à corps constitué”, “incitation à attroupement” et “enlèvement et séquestration”. C'est pour répondre de ces chefs d'inculpation que les 34 prévenus du mouvement citoyen seront traduits devant un tribunal criminel, l'on ignore encore pour quelle session criminelle de la cour de Tizi Ouzou. Quelle antinomie d'un pouvoir qui a pourtant qualifié les revendications de la plate-forme d'El-Kseur ainsi que les délégués du mouvement citoyen de légitimes ! Il est difficile de comprendre une telle situation et un tel état de fait. Le pouvoir veut-il exercer un chantage sur les délégués ? Comment croire à une telle hypothèse vu que le verdict de la chambre d'accusation, après maints renvois, a été prononcé, le jour même où la CADC a enfin décidé de répondre favorablement à l'invitation au dialogue formulée par le premier magistrat du pays, c'est-à-dire lundi dernier. Si la mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur est enclenchée, le pouvoir aura donc pour interlocuteur des délégués passibles de criminelle. Une chose est certaine, même si, pour le pouvoir, il s'agirait de contraindre ses interlocuteurs à céder sur des points de la plate-forme d'El-Kseur en exerçant cette pression, il n'y aura pas de contact entre lui et le mouvement citoyen, tant que les poursuites judiciaires n'auront pas été levées. Par ailleurs, la population l'a bien dit à ses délégués, lors de la concertation qui s'est faite, ces derniers jours, à propos de l'invitation du mouvement citoyen par le premier magistrat du pays, si contact avec le pouvoir il y a, pour la mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur, la délégation chargée pour ce faire doit se retirer sans attendre si un point de la plate-forme d'El-Kseur est touché. Pour elle, le caractère scellé et non négociable de cette plate-forme explicitée à Larbaâ Nath-Iraten doit demeurer, qu'elles qu'en soient les conséquences. Elle est prête à poursuivre le combat le cas échéant. K. S.