Une enquête conjointe menée par les services de la direction de la santé et de la population (DSP) et les inspecteurs de la santé publique dépêchés par le ministère de tutelle ont procédé, avant-hier à Oran, à la verbalisation de quatorze cliniques privées. En effet, des vices de forme rédhibitoires dans le fonctionnement des cliniques toutes spécialités confondues ont été relevés par les enquêteurs suite à des plaintes formulées par des patients. Ainsi, il a été constaté des effractions en violation de la loi régissant l'exercice des cliniques privées. Des assignations et des sommations restrictives ont été adressées aux propriétaires des cliniques visées à l'effet de boucher les lacunes sous une quinzaine de jours. Nous apprenons que des sanctions suivront cette opération qui a été déclenchée par les services compétents depuis plus d'une semaine. Les défaillances et autres dépassements consignés par les enquêteurs concernent l'absence des registres devant contenir les listes des types d'intervention chirurgicales effectués sur les malades hospitalisés. Cette affaire surgit dans des conditions inespérées pour des centaines de patients “charcutés” dans ces cliniques où l'esprit du lucre l'emporte souvent sur le serment d'Hippocrate. “Nous avons même relevé l'inexistence de renseignements relatifs au malade hospitalisé. C'est une grave atteinte à l'éthique de la profession dans la mesure où nous avons pu constater l'absence de la moindre information sur le sujet malade opéré ou soigné”, affirme un responsable au niveau de la DSP. Toujours au chapitre de ces mauvaises actions, surgissent les effets pervers de la médecine. Dans ce contexte, les déclarations des employés à la Sécurité sociale brillent par leur carence. Des médecins et des infirmiers exercent sans couverture sociale. Ils ne sont pas déclarés à la Cnas étant donné leur double fonction dans les secteurs public et privé. Cette enquête est révélatrice sur le caractère mercantile de cette situation. Le cumul d'emploi est monnaie courante dans de nombreuses cliniques privées où l'argent l'emporte sur la qualité des soins. Sur ce plan, notre source souligne le problème de la période d'hospitalisation écourtée dans nombre de ces structures privées. “Le malade opéré est normalement suivi médicalement pendant 10 jours en milieu hospitalier public alors que le délai est limité à trois jours seulement dans une clinique privée”, ajoute-t-on de même source. Une autre problématique et non des moindres concerne les cliniques qui exercent sans agrément. Dans cet ordre d'idées, plusieurs médecins spécialistes y pratiquent des opérations chirurgicales en contradiction avec la réglementation en vigueur. “Des médecins spécialistes qui ont démissionné des cliniques privées continuent d'exercer sans en être inquiétés”, déplore notre interlocuteur. En tout état de cause, les mêmes responsables promettent de poursuivre leurs enquêtes dans le but évident d'assainir le secteur des soins privés en nette régression.