Les chefs d'Etat arabes s'en sont remis à Obama pour donner une chance à la paix au Proche-Orient. Une paix qui n'est plus tellement recherchée par Israël. La suprématie militaire de l'Etat hébreu fait que sa quiétude n'est plus que relativement menacée par les cycliques intifadhas, les sporadiques roquettes du Hamas et… la virtualité de la bombe atomique iranienne. Jouissant d'une impunité de principe, Israël se moque de l'attitude de “la communauté internationale” quand il s'agit d'actions que commande sa stratégie anti-palestinienne. Se permettre d'aller assassiner un activiste ennemi sur le territoire d'un Etat souverain en utilisant massivement des passeports des principaux pays européens constitue la preuve éclatante de l'assurance d'Israël quant à son impunité. Les plus téméraires d'entre eux osèrent convoquer un ambassadeur ou expulser un diplomate de second rang. Ils n'ont pas d'ailleurs essuyé le moindre message d'irritation de la moindre frange de leurs opinions publiques. Les marques de mécontentement des Etats-Unis procèdent plus d'une réaction à l'humiliation diplomatique de leur vice-président que d'une réelle volonté de sanctionner Israël parce qu'il refuse de suspendre sa démarche de fait accompli en matière de colonisation, à Jérusalem-Est notamment. La règle posée de la franchise pénale et morale d'Israël, le monde est désarmé devant ses abus. L'impuissance arabe ajoute à cette impunité : pourquoi les puissances occidentales s'efforceraient-elles à encadrer leur protégé, alors que ses agressions ne remettent même pas en cause “la paix et la stabilité” dans la région ? Ce n'est pas quelques obus artisanaux qui remettent en cause les assises de l'Etat hébreu, ni le caillassage de ses blindés par des adolescents qui sont à leur tour canardés par les soldats israéliens. Le Hizbollah, dernière armée à disposer d'une profondeur stratégique face à Israël, est tenu en respect par les… forces de “maintien de la paix” – ici la paix d'Israël, pas celle des Palestiniens. Les frontières neutralisées, le danger ne peut venir que de l'acquisition des armes nucléaires et de la maîtrise de la technologie des vecteurs à longue et moyenne portée. Aujourd'hui, l'Iran est seul à disposer de la base technologique et de l'autonomie politique pour poursuivre cet objectif. La refondation de la stérile Ligue arabe dans une “union” qui intègre l'Iran, mais aussi la Turquie revenue de l'Europe et, de plus en plus de l'OTAN, si elle se confirme, constitue un pas stratégique contre l'arrogance débridée d'Israël. Il faut bien admettre que l'islamisme, en imposant le devoir de solidarité confessionnelle, s'avère bien plus mobilisateur que l'incantation autour du droit naturel des Palestiniens à un Etat. La menace de l'Iran et des mouvements intégristes est intégrée dans les analyses géostratégiques, mais pas les sollicitudes et les lâchetés raisonnables de ventripotents dirigeants arabes. Comme pour tous les jeux, on ne peut pas gagner une guerre si l'on ne veut rien miser. Malheureusement, il faut bien admettre qu'Israël a besoin de plus ‘“fou” que lui. L'impuissance universelle laisse place à la confrontation entre les forces de l'intégrisme et l'aventurisme iranien, d'un côté, et l'agressivité furieuse d'Israël, de l'autre. La solution de la crise sera passée par le nécessaire rendez-vous des extrêmes. M. H. [email protected]