La guerre au Liban est «une question de vie ou de mort» affirme le vice-Premier ministre israélien. Dans une déclaration devant le parlement israélien (la Knesset) le vice-Premier ministre israélien, Shimon Peres, a affirmé hier péremptoire «Ce sera nous ou le Hezbollah.» C'est en vérité donner beaucoup d'honneur à une milice qui n'est pas, loin s'en faut, une armée de métier, lorsque M Peres l'élève au même niveau que la plus puissante armée du Moyen-Orient: l'armée israélienne qui dispose de l'équipement militaire (en partie américain) le plus sophistiqué existant dans le monde. La différence, sans doute, est que les miliciens du Hezbollah sont plus motivés et mieux organisés que les armées arabes de pacotille qui ont perdu toutes leurs batailles contre Tsahal (l'armée israélienne) au cours de ces dernières années. Le fait même que le Hamas -le mouvement islamiste palestinien- tienne le coup, depuis un mois, face à la plus puissante armée de la région, que le Hezbollah rende coup pour coup à cette même armée est phénoménal. Il est patent que les états-majors et stratèges israéliens ne s'attendaient pas à une résistance qui bouleverse toute leur stratégie militaire. Ce qui fait dire à l'ancien Prix Nobel de la paix, s'adressant, faussement dramatique, aux Libanais «Vous non plus n'avez pas le choix. Ce sera vous ou le Hezbollah. En ce qui nous concerne, c'est une question de vie ou de mort». Le mot est lâché: pour Israël le contrôle sur l'ensemble du Proche et du Moyen-Orient est «une question de vie ou de mort». Aussi, neutraliser le Hezbollah et -au-delà du Hezbollah ou du Hamas- toute force arabe capable de remettre en cause la suprématie d'Israël et, partant, son contrôle sur la région moyen-orientale est dès lors la priorité des priorités car vitale pour la sécurité, voire la survie, selon les Israéliens, de l'Etat hébreu. Cette même sécurité et survie sont liées au contrôle par Israël des sources en eau de la région, ce qui explique le maintien d'un contingent en poste rapproché au sud Liban par la poursuite de l'occupation des fermes de Chebaâ, en surplomb de la rivière Litani sur laquelle Israël a des convoitises ; par la colonisation du Golan syrien qui englobe le lac de Tibériade et la vallée de Jourdain -séparée d'Israël par la Cisjordanie- que l'Etat hébreu veut soustraire de tout accord de paix ultérieur avec les Palestiniens. Ainsi, Israël estime que le contrôle militaire du Moyen-Orient est capital comme est vitale la mainmise sur les énergies hydrauliques régionales. Aussi, en affirmant que cette guerre est «une question de vie ou de mort» Shimon Peres, même s'il ne le fait pas explicitement, ne fait que réitérer la suprématie que, selon lui, Israël doit (obligatoirement) avoir sur son environnement arabe par un contrôle drastique aussi bien militaire que sur les sources hydraulique. Avant lui, Menahem Begin et Golda Meir, anciens Premiers ministres, n'avaient pas dit autre chose en indiquant que l'espace stratégique d'Israël allait de l'Atlantique au Pakistan, sous- entendant par là qu'Israël doit rester la seule puissance militairement opérationnelle. Les choses n'ont pas changé et confirment surtout qu'Israël n'a jamais envisagé une paix globale à long terme avec les pays voisins et cohabiter avec un Etat palestinien fiable et viable. De fait, M.Peres affirmait hier devant le Parlement israélien qu'en «deux semaines de campagne» au Liban, Israël «avait restauré ses capacités de dissuasion» confirmant indirectement que l'Etat hébreu ne voit ses voisins arabes que soumis à sa puissance de «dissuasion» D'ailleurs, toutes les initiatives prises par Israël ces dernières années ont été contre toute ouverture vers une solution équitable et acceptable pour toutes les parties. En fait, l'Etat hébreu n'a fait aucun geste, ni donné aucun signe indiquant qu'il était prêt à une paix véritable avec les Arabes. Le rejet en 2002 par Ariel Sharon du plan de paix saoudien -avalisé par le sommet arabe de Beyrouth- qui proposait la reconnaissance d'Israël par l'ensemble des Etat arabes en échange des territoires arabes était déjà indicatif que la seule paix qu'Israël attendait des Arabes était la soumission. Les crimes atroces commis par l'armée israélienne à Jénine en mars 2002 -moins d'un mois après le rejet du plan de paix arabe par Israël- montrait le peu de cas que le gouvernement israélien faisait d'une paix qui ne soit pas assortie de son diktat. L'acharnement que met l'armée israélienne à détruire systématiquement le Liban illustre bien le type d'Etat arabe (faible économiquement et démilitarisé) qu'Israël veut bien tolérer à ses côtés. En effet, Shimon Peres indiquait hier devant le parlement israélien que «le Hezbollah a révélé toutes ses faiblesses et a déjà perdu militairement». Si le Hezbollah a perdu militairement pourquoi alors cette détermination de l'armée israélienne à détruire l'infrastructure économique, administrative et sociale du Liban? Etrange aussi est la déclaration devant la Knesset de Benjamin Netanyahu, chef de l'opposition de droite (Likoud) qui affirmait que le conflit en cours a été déclenché par l'Iran, par le biais de «ses forces auxiliaires» le Hezbollah et le mouvement islamiste palestinien Hamas, pour «tester les réactions de l'Occident». L'ancien Premier ministre israélien a ainsi dit que l'Iran est «responsable des évènements» en cours parce que, selon lui, «L'Iran tire sur un Etat occidental et il teste les réactions de l'Occident» confirmant surtout ce que l'on savait déjà qu'Israël est le pont avancé de l'Occident dans le monde arabe. D'autre part, en parlant des «réactions» de l'Occident, Netanyahu associe, certes indirectement, l'Occident aux crimes de guerre que l'armée israélienne commet en ce moment au Liban affirmant «L'alarme du réveil a sonné pour le monde. Une partie du monde dormait et il doit aujourd'hui se réveiller». Netanyahu a encore déclaré que «Le monde a pu voir comment l'Iran a testé ses armes» citant notamment le roquette (artisanales) Qassam du Hamas et les roquettes du Hezbollah. Que dire alors des munitions à fragmentation et des bombes à guidage laser que l'armée israélienne utilise contre la population notamment au Liban comme l'ont signalé des ONG horrifiées par l'emploi par Israël de ces armes destructrices. Mais Israël a toujours su crier haut et fort au loup quand le seul loup qui terrorise la région est bien Israël.