Le vainqueur des législatives irakiennes, le “laïque” Iyad Allawi, a lancé ses négociations pour former une coalition gouvernementale, tâche qui s'annonce ardue. Avant le scrutin, Iyad Allawi avait déclaré que sa priorité serait de purger les forces armées et les services secrets rongés, selon lui, par le confessionnalisme. Le “laïque” compte sur le fait qu'il ne fait que retrouver le poste qu'il a occupé entre juin 2004 et avril 2005, à la tête du gouvernement par intérim mis en place par les Américains après l'invasion de l'Irak. Les Américains de couvent de nouveau fondant tous leurs espoirs dans cet homme qui a toujours été proche de washington. C'est un personnage controversé. Membre du parti Baas (panarabe, laïc et socialiste) de 1961 à 1971, il a été de ce fait un compagnon de route de Saddam Hussein, avant de se brouiller avec lui et de quitter le pays pour le Liban, puis la Grande-Bretagne. En 1979, il est laissé pour mort par des agents de Saddam Hussein qui s'étaient introduits à son domicile londonien. En mars1991, travaillé par les services américains, il fonde le Mouvement de l'entente nationale avec d'anciens baassistes avec l'intention de renverser le dictateur. Avec la bénédiction de Washington, il monte un complot qui échoue en 1996. Infiltré en Irak, son groupe est démantelé et plusieurs de ses membres exécutés. Après les attentats du 11 septembre 2001, il milite pour une intervention internationale contre Saddam. En 2002, son mouvement transmet aux services secrets britanniques un rapport sur la capacité de l'Irak de déployer en 45 minutes des armes de destruction massive ! Une information qui s'avérera fausse. Le proconsul américain de Bagdad, Paul Bremer, le nomma chef du premier gouvernement intérimaire irakien en 2004. Il restera à la tête du pays moins d'un an et sera battu par ses rivaux chiites religieux lors des premières élections parlementaires de l'ère post-baassiste en 2005. Premier ministre, Allawi est alors surnommé par certains “le petit Saddam” pour sa main de fer dans le traitement de problèmes de sécurité. D'autres dénoncent une corruption généralisée au sein du gouvernement. Son premier mandat a été marqué par une forte corruption des élites, son ministre de la Défense, Hazem Al-Chaalan, parviendra à détourner près d'un milliard de dollars avant de s'enfuir à l'étranger. À la tête du Bloc irakien, une formation laïque, Iyad Allawi jouit aujourd'hui d'une grande popularité chez les sunnites, après avoir pourtant été longtemps honni par cette communauté pour son offensive contre le bastion rebelle de Fallouja (2004). Il a réalisé ses très bons scores dans les régions sunnites et à Bagdad alors qu'il fut longtemps perçu par cet électorat comme une “marionnette” des Américains. Il a pour lui d'être rentré en Irak dans le sillage des troupes américaines, à l'instar de MM. Chalabi, Nouri Al-Maliki, de son prédécesseur Ibrahim Jaffari et de bien d'autres politiciens irakiens exilés. Son Bloc irakien, qui arrive en tête des élections, compte une soixantaine de partis et personnalités, majoritairement arabes, nationalistes et sunnites.