Le Premier ministre irakien sortant, Nouri al-Maliki, arrivé deuxième aux législatives du 7 mars, a sévèrement critiqué dimanche l'envoyé spécial de l'ONU en Irak, Ad Melkert, qu'il a accusé d'inaction face aux accusations de fraude. Selon les résultats officiels annoncés vendredi par la commission électorale, le Bloc irakien de l'ancien Premier ministre laïque Iyad Allawi a obtenu 91 sièges au Parlement, contre 89 pour l'Alliance pour l'Etat de droit de M. Maliki, sur un total de 325. “Si j'étais à la place de Melkert et face à cette vague de problèmes, j'aurais dit : 'vous devez user de tous les moyens pour effectuer un nouveau décompte'. Mais Melkert a dit : 'c'est difficile en raison du temps (que cela prendrait)'", a indiqué M. Maliki à la télévision locale Soumeria. Juste avant la publication des résultats officiels, M. Melkert a qualifié les législatives de “crédibles” et salué le scrutin comme un “succès” pour l'Irak, appelant les différents candidats à en “accepter les résultats”. L'ambassadeur des Etats-Unis à Bagdad, Christopher Hill, et le commandant des troupes américaines, le général Ray Odierno, ont eux aussi jugé qu'il n'existait “aucune preuve de fraudes massives ou sérieuses”. Les partisans de M. Maliki, qui évoque des irrégularités dans le décompte des voix, ont réclamé un nouveau décompte manuel des bulletins, une demande rejetée par la commission électorale. “J'ai demandé à la commission électorale indépendante d'Irak un nouveau décompte manuel, ils ont refusé, et les Nations unies se sont montrées hostiles à ma demande de manière plus véhémente” que la commission, a poursuivi M. Maliki. “Les Nations unies auraient dû se montrer plus motivées et s'imposer plus auprès de la commission pour qu'elle accepte la demande du peuple” d'un nouveau décompte, a-t-il encore dit. M. Allawi a lancé samedi les négociations pour former une coalition gouvernementale avec l'ensemble des forces politiques, mais la tâche s'annonce difficile et de longue durée. Venant compliquer aussi cette tâche, un avis de la Cour suprême, réclamé par M. Maliki, a jugé que la formation d'un gouvernement pouvait être confiée à une alliance de listes qui se sont présentées indépendamment au scrutin, mais qui, ensemble, totalisent le plus grand nombre de sièges au Parlement.