L'affaire de blanchiment de capture du thon rouge dans laquelle sont impliquées 9 personnes, deux hauts cadres du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques, deux armateurs algériens et cinq armateurs turcs, a trouvé son épilogue, hier, devant le tribunal correctionnel d'Annaba. Tous les accusés ont finalement écopé de 3 ans de prison ferme chacun en plus d'une amende de 800 milliards de centimes à titre de dédommagement du préjudice commis au détriment du Trésor public et d'une autre de 7 milliards 800 millions de centimes, qui devra être versée à l'administration des douanes. Un verdict qui résonne comme un échec pour le ministère public qui avait, rappelons-le, requis le 24 mars dernier lors du procès une peine d'emprisonnement ferme de 8 ans à l'encontre du secrétaire général du ministère de la Pêche, Boudamous Fethi, de 6 ans contre Allam Mohamed, directeur central de la pêche et de 5 ans pour les deux armateurs algériens. La même peine a été requise à l'encontre des 6 Turcs en plus d'une amende évaluée à 10 fois la valeur des 210 tonnes de thon et la saisie des navires utilisés dans l'opération de pêche illicite ainsi que tout le matériel se trouvant à leur bord. Selon le compte rendu de délibéré dont il a été fait lecture en l'absence des accusés, le tribunal a retenu contre eux les délits de pêche illicite en violation des lois et réglementations, de complicité au délit de contrebande et l'octroi d'indus avantages et de trafic d'influence, ce qui a été contesté par la défense des accusés qui comparaissent régulièrement aux audiences depuis novembre 2009. Ces derniers ont, d'ailleurs, annoncé qu'ils comptent faire appel de ce jugement solidairement. Accusés d'abus d'autorité, pêche illicite, violation des lois et réglementations, complicité au délit de contrebande et indus avantages, ils devraient connaître enfin la décision finale des juges après les différents reports et ajournements qui ont caractérisé ce procès depuis son ouverture en novembre de l'année dernière. Lors de l'audience du 24 mars, le juge avait mis en évidence les ambiguïtés criantes qui caractérisent l'organisation des saisons de pêche du thon rouge en Algérie. À l'issue des débats, on apprendra que lesdites saisons, qui sont pilotées d'une manière générale par la Commission internationale pour la conservation des thonidés (l'ICCAT), ne seraient en effet pas menées de manière franche pour tout ce qui se rapporte à la répartition des quotas alloués aux armateurs algériens, surtout s'agissant de la part en national des quantités déterminées. Le tribunal s'est en tout cas appliqué à démontrer à la commission par le ministère de la Pêche les lacunes liées à l'application stricte de la réglementation en vigueur, ceci bien que la pêche au thon soit régie par des lois internationales s'agissant d'une ressource halieutique universelle et d'une espèce protégée. Les avocats de la défense n'auront pas pu convaincre de l'innocence des armateurs algériens et turcs en ce qui les concerne. À noter qu'autant le juge, que le représentant du ministère public, se sont montrés certains de la connivence coupable de ceux-ci dans la tentative de blanchiment des 210 tonnes de thon. Les gardes-côtes ont accablé les armateurs algériens et turcs en affirmant qu'ils avaient mis la main sur le produit d'une pêche pirate que tentait de couvrir l'armateur algérien propriétaire du palangrier “Djazair 2” en compagnie du “Chahid Hasni”. Selon ce rapport, ni l'une ni l'autre des embarcations ne sont capables d'une capture de cette importance, puisqu'en réalité, n'ayant ni les filets ni les moyens de levage propres à ce genre d'activité. Ceci alors que les Turcs, de leur côté, ont crié à un complot, qu'auraient monté contre eux les responsables du MPRH en leur laissant croire qu'ils pouvaient participer à cette fameuse saison de pêche, sans pour autant leur avoir délivré d'autorisation écrite.