La question des droits de l'homme dans les territoires occupés du Sahara occidental n'a jamais été aussi omniprésente dans les débats qu'elle ne l'est ces derniers temps. Plusieurs raisons justifient cela. Il y a d'abord le nouveau contexte mondial marqué par les exhortations des grandes démocraties occidentales, en matière de promotion de ce concept sur toute la planète. Il y a ensuite ce rythme nouveau imprimé par les forces d'occupation marocaines à la machine répressive, pour briser la voix des opposants marocains qui contestent la “marocanité” de l'ancienne colonie espagnole, ainsi que la voix de la population sahraouie des territoires occupés. Il est reproché à celle-ci de défendre sa raison d'être et d'exister, de demeurer donc fidèle au mouvement de Libération nationale de la Sagguia El-Hamra et oued Ed Dehhab (Front Polisario), de rester attachée à l'objectif d'indépendance, ainsi qu'au principe de référendum d'autodétermination, contenu dans les divers plans onusiens et même dans les accords tripartites de Madrid de novembre 1975. Il y a enfin cette bataille médiatique engagée par le royaume chérifien et ses alliés, principalement la France, pour présenter le Maroc comme le meilleur modèle maghrébin de démocratie. Une bataille soutenue par d'autres offensives, destinées notamment à ternir l'image du Polisario, car il est reconnu par toutes les instances de l'ONU comme le seul et unique représentant du peuple sahraoui, et parce qu'il s'est engagé, depuis 2007, aux côtés des représentants marocains, dans un nouveau processus de négociations, sous l'égide des Nations unies dont la finalité est de respecter le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. Les droits de l'homme au Sahara occidental sous occupation marocaine sont piétinés. La population est en effet exposée à une violence généralisée et continue, se traduisant par des arrestations arbitraires, des enlèvements, des exécutions extrajudiciaires, des disparitions, des procès à huis clos sans observateurs internationaux, la non-assistance aux malades, des humiliations, des maltraitances, etc. De plus en plus de militantes et de militants des droits humains sont ciblés par l'appareil répressif marocain. Cette situation est connue de tous, publiquement ou implicitement. Les constats sur les manquements à la démocratie et les atteintes aux droits humains, émanant d'organisations gouvernementales des droits de l'homme, d'ONG internationales, dont Amnesty international et Human Rights Watch et même du Parlement européen, sont nombreux. En plus de l'occupation d'un territoire dont, légitimement, il n'a aucune souveraineté, le Maroc viole impunément les conventions de Genève qu'il a pourtant signées de son propre gré. Paradoxalement, des Etats membres du Conseil de sécurité de l'ONU, de même que d'autres pays occidentaux, se présentant parmi les champions de la démocratie, continuent à garder le silence sur cette honteuse vérité et sur la spoliation des ressources naturelles du Sahara occidental. Le mouvement de grève de la faim des prisonniers politiques sahraouis, entamé le 18 mars dernier, en solidarité avec les 6 détenus de Salé, mis sous régime d'inculpation militaire, confirme, si besoin était, que l'impasse est là, devant l'impuissance des organisations des droits humains. Les sacrifices consentis, depuis la fin de l'année 1975, par le peuple sahraoui, la bataille engagée dernièrement par la militante Aminatou Haïder et relayée, aujourd'hui, par ses compagnons en grève de la faim, interpellent plus que jamais la communauté internationale, notamment le Conseil de sécurité, sur la problématique de protection des droits humains dans les territoires occupés du Sahara occidental et celle des droits des prisonniers d'un territoire “non autonome” qui reste à décoloniser. C'est avant tout aux institutions internationales de veiller au respect des engagements des Etats et à l'application des résolutions qu'elles ont elles-mêmes adoptées.