Alors que pour les 2 000 nouveaux logements de Skikda des sites accidentés ont été choisis, pour les 500 unités de Collo, c'est la riche plaine de Téléza qui a été sacrifiée contre tout bon sens. L'affectation, au mois de mars dernier, à la commune de Collo, de 500 logements, tous types confondus, un programme jamais lancé d'un seul lot depuis les années 1980, s'est accompagnée par la déclassification d'une importante partie de la zone de Téléza qui perd, ainsi, sa vocation agricole et touristique. Depuis des décennies, chaque année, une dizaine de logements sociaux est proposée par la wilaya de Skikda aux autorités locales de Collo à charge pour ces dernières de dénicher les assiettes de terrain. Au final, ces logements seront réaffectés au chef-lieu de wilaya, à El-Harrouch ou à Azzaba, sous le prétexte de non-disponibilité d'assiettes foncières à Collo. Pour la population locale, ce sont alors les ex-P/APC qui n'ont pas été à la hauteur en dégageant les terrains qu'il fallait. Toutefois, selon l'un d'eux : “À ma connaissance, aucun président d'APC ne s'est opposé à la réalisation de logements à Collo du moment qu'il s'agit de programmes sectoriels programmés par la wilaya.” Toujours selon notre interlocuteur : “Au même moment, aucun président d'APC n'a le pouvoir de déclasser les terrains non-constructibles pour accueillir ces logements si le wali ne le décide pas.” À entendre notre ex-élu, le problème et sa solution résident au niveau de la wilaya de Skikda. D'ailleurs, selon une rumeur de l'époque, par plusieurs subterfuges, les logements seraient affectés aux communes dont les opérateurs chargés de leur réalisation sont proches des donneurs d'ordre. Le logement est comme tous les marchés en crise, un secteur potentiel pour la floraison de la corruption. Une accusation qui ne s'est jamais vérifiée sur le terrain, restant une simple spéculation. Salim, un jeune chômeur mais néanmoins urbaniste de formation, se réjouit de ce programme et sa localisation. Il pense que l'agriculture de Téléza n'a pas ramené la richesse à la région alors que le logement créera des emplois et casera des centaines de familles. Un avis que ne partage pas Nabila, une jeune économiste, elle aussi au chômage. “Depuis l'indépendance, Collo n'a pas bénéficié de plus de 1 000 logements cumulés, tous types confondus, alors que Skikda a accaparé la grande part avec le ratio moins de 10 unités pour Collo contre plus de 1 000 pour Skikda. Cette année, contre les 500 logements affectés à Collo, ce sont plus de 2 000 qui sont lancés à Skikda implantés sur les sites accidentés d'Oued el Ouahch et Djebel Msiouan”, explique notre économiste. “Ces 2 000 nouveaux logements au minimum n'ont pas nécessité le sacrifice des terres agricoles et touristiques du chef-lieu de wilaya où l'on exploite les terrains accidentés pour préserver la côte et la plaine, quitte à recourir aux Chinois et aux Espagnols pour mener les chantiers, ce qui n'est pas le cas à Collo”, poursuit Nabila K. Echéance de livraison du million de logements oblige, le gouvernement vient de mettre le paquet en facilitant le déclassement des terres inconstructibles quand il le faut. Les 500 logements dont vient de bénéficier Collo sont le seuil minimum affecté aux communes en difficulté. Même la petite localité rurale d'Akhrouf, dans la wilaya de Bordj Bou-Arréridj, a bénéficié de 500 logements pour 2010. Une ville comme Aïn Beïda, du même rang que Collo, a bénéficié de 3 380 logements alors qu'elle enregistre un déficit moins important. Tout cela sans sacrifier le foncier agricole et touristique. Ainsi, si les 500 logements de Collo sont un programme du centre, leur mauvaise implantation risque de coller à vie au curriculum vitae des responsables locaux, surtout si la mauvaise intention se vérifiait un jour.