La défaillance des politiques urbanistiques locales et l'irresponsabilité d'une administration wilayale dépassée s'avèrent fatales pour la santé de la région de Collo. Pour la défaillance, elle est dans l'amélioration du cadre de vie du citoyen. Depuis des années, l'approche systémique a déserté la chose urbanistique dans la cité pré-insulaire. Malgré le fait que l'OMS ait retenu, pour cette année, le thème de “L'urbanisme, la ville et la santé” comme le générique des festivités liées à la Journée mondiale de la santé, aucune rencontre dédiée à cette thématique n'y a été organisée. Une occasion ratée pour corriger le tir dans un secteur chaotique. En effet, selon le P/APC, dans l'intention de soustraire les poches urbaines de l'ancien Collo à la spéculation, les autorités locales ont décidé de les réserver à des infrastructures d'utilité publique, genre banques, jardins d'enfants, services techniques, administrations, mosquées... Or, au même moment, la ville, elle, s'étend sur l'axe Téleza-Chéraïa. Du coup, pour les prochaines années, nous allons nous retrouver avec des milliers de nouveaux logements implantés sur cet axe mais sans commodités du fait que les services publics seront, eux, localisés toujours à Collo-ville. Une expérience déjà vécue par les grandes agglomérations algériennes durant les années 1990 et 2000 avec comme résultat de nouvelles villes qui se résument à des cités-dortoirs où règnent malvie et délinquance. Depuis, le tir a été rectifié et les nouveaux investissements d'utilité publique sont implantés au niveau même de ces nouvelles cités. Le bon sens plaide pour la prise en charge de ces enseignements par les responsables locaux. Pour les rares poches urbaines de la ville de Collo, les espaces verts sont la meilleure affectation qu'édicte le bon sens. Mais ce dernier nécessite des responsables, compétence, amour de la cité, écoute et concertation. Pour l'irresponsabilité, le mois de décembre dernier, une association a proposé pour les salles de gardes-malades de l'hôpital de Collo des micro-ondes pour remplacer les réchauds à bouteilles de butane. À l'inverse des responsables de cet hôpital, eux-mêmes victimes d'une grave ingérence dans leur travail, les responsables de la wilaya de Skikda se sont opposés à l'initiative sous le prétexte que “l'Algérie n'a pas besoin de ces dons insignifiants”. Pourtant, ces mêmes responsables ne trouvaient pas insignifiants les véhicules de tourisme offerts, fin des années 1980, par l'Unicef aux hôpitaux et affectés aux besoins personnels des directeurs de santé de wilaya. Comme la réalité finit toujours par rattraper la bêtise humaine, le mois de janvier dernier, soit un mois après le niet des Don Quichotte des temps modernes, une explosion au gaz dans une salle de gardes- malades du service de chirurgie du même hôpital causera des blessures de troisième degré à une garde-malade et une femme de salle. Ces dernières porteront à vie les séquelles de ce chauvinisme. Ailleurs, dans un Etat de droit, ces mêmes responsables seraient poursuivis, tout simplement, pour crime prémédité à cause de leur comportement irresponsable. Ce drame résume l'état d'une santé colliote malade des contradictions qui secouent la wilaya de Skikda.