Les chaussées investies et les pneus brûlés sont devenus le langage par excellence adopté par les populations afin de faire pression sur les autorités locales la veille de la distribution de logements sociaux. Ces émeutes peuvent être légitimes comme elles peuvent être des moyens de chantage. La tournée effectuée jeudi dernier par le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme dans la wilaya de Jijel a été courte à Harraten. À son arrivée sur les lieux, Noureddine Moussa a été accueilli par des manifestants en colère. Malgré l'intervention des forces de l'ordre pour empêcher les manifestants d'approcher le ministre, ils sont arrivés tout de même à lui faire passer leur doléance, à savoir quitter la misère de leur bidonville pour des logements décents. Toutefois, le ministre a été contraint d'interrompre sa visite dans cette localité. Une retraite difficile car les manifestants ont tenté d'empêcher à plusieurs reprises le démarrage du véhicule du ministre. Pour rappel, Noureddine Moussa était jeudi dernier en visite d'inspection et de travail dans la wilaya de Jijel. Il s'est rendu à l'aéroport d'Achouat afin d'inspecter les travaux de son élargissement. L'hôte de Jijel a également fait une virée à la nouvelle cité de Mezghittane où plus de 2 000 logements sont en cours de réalisation. Le ministre de l'Habitat s'est intéressé de près aux 150 locaux commerciaux qui se trouvent à Rabta. Il a également inauguré 72 logements réalisés par l'AADL. Durant cette visite, Noureddine Moussa s'est rendu au musée de Kotama au centre-ville de Jijel, où les travaux de sa restauration sont en voie d'achèvement, avant d'inaugurer le nouveau siège de l'OPGI. À la maison de la Culture Omar-Ouseddik de Jijel, Noureddine Moussa a présidé la cérémonie de remise des clefs aux bénéficiaires des 2 251 logements ainsi qu'aux bénéficiaires des 482 locaux commerciaux. Le même jour, à Constantine, de nouvelles émeutes ont éclaté au quartier Roumania, avec le début de la deuxième tranche de relogement des habitants de ce bidonville. Alors que les autorités locales procédaient, au niveau de la salle de l'institut Ibn-Badis, au tirage au sort pour l'affectation des logements aux familles qui seront évacuées demain, dimanche, une dizaine d'habitants de ce bidonville manifestaient leur colère en obstruant les accès au site. Selon eux, il y a mauvaise foi de la part des autorités locales. Ces dernières sont accusées, selon eux, de vouloir recaser dans les nouveaux logements des intrus qui n'ont jamais habité les lieux. Pour preuve, ils citent les conditions “quasi clandestines”, toujours selon eux, de l'opération de distribution des convocations aux futurs bénéficiaires. Ils citent, aussi, l'affectation des nouveaux logements sans prise en considération ni de l'importance de la bâtisse à évacuer ni du nombre de familles qui y habitent. Pour sa part, la wilaya de Constantine accuse des intrus, qui n'ont pas figuré dans les derniers recensements de ce bidonville, de semer le doute et de faire du chantage afin de bénéficier du recasement. La veille même de ces émeutes, lors du JT de 20 heures, le wali de Constantine s'est exprimé sur le recasement de ce quartier en renouvelant sa détermination à ne reloger que les véritables habitants du bidonville.