À l'Assemblée populaire nationale, l'unanimisme est une seconde nature. Alors que des scandales éclaboussent les hautes sphères de l'Etat, que les tensions gagnent des pans entiers de la société, des motifs assez suffisants pour l'interpeller, la Chambre basse du Parlement algérien meuble son temps comme elle peut. Dépouillée de ses missions de contrôle de l'Exécutif et de son rôle de porte-voix des sans voix, elle s'égare dans des activités qui n'engagent pas politiquement, comme les séminaires et autres journées parlementaires. Après avoir reporté la séance des questions orales, en raison de la visite du président vietnamien, voilà qu'Abdelaziz Ziari décide de convier les membres du bureau de l'APN et les présidents des commissions permanentes pour la conférence dite des présidents. Prévue par la loi organique (article 49), cette conférence tenue hier au siège de l'Assemblée est destinée à évaluer le travail des commissions, leurs difficultés et définir les perspectives de travail. Même les plénières devaient être programmées dans ce cadre, chose qui n'a pas été faite au demeurant depuis fort longtemps. Et comme attendu, les présidents des commissions qui ont présenté leurs communications se sont fondus dans le panégyrisme et autres satisfécits dans le pur style des traditions de la maison. “Nous remercions les walis et les autorités locales de nous avoir reçus et facilité la tâche”, ont affirmé la plupart d'entre eux, selon quelques indiscrétions parlementaires. Seul reproche : il est dirigé contre l'unique pour n'avoir pas couvert leurs activités. Mais quid de propositions ou de décisions, hormis l'organisation de journées parlementaires, de journées d'étude et de visites de terrain. “Il n'y a eu ni décision, ni propositions”, affirme notre source. Dans un communiqué rendu public, le président de l'Assemblée a, lui aussi, joint sa voix à la partition qui loue le travail parlementaire. “Les activités des commissions permanentes, notamment les visites de terrain, sont au cœur du travail de l'APN”, selon Ziari. Ces visites, a-t-il dit, doivent concerner l'ensemble des wilayas du pays et les délégations des commissions doivent comprendre des députés de tous les partis représentés à l'APN. “Les activités de terrain visent à suivre et à évaluer la mise en œuvre des lois adoptées par l'APN”, a encore expliqué le président de l'Assemblée sans référence à l'actualité nationale, encore moins au programme de travail de la Chambre basse qui a déjà consommé plus d'un mois depuis l'ouverture de la session de printemps. Dès lors, beaucoup s'interrogent sur l‘opportunité de cette conférence d'autant que les mandats des présidents vont s'achever dans deux mois et demi.