Le procès tant attendu concernant l'affaire de l'APC de Tiaret s'est ouvert, hier, au tribunal pénal de Theniet El-Hed, dans la wilaya de Tissemsilt, relevant de la cour de Tiaret. 52 inculpés, dont 13 incarcérés, parmi lesquels l'ex-chef de daïra et le P/APC, ont été appelés à comparaître. Détournement de deniers publics, trafic d'influence et abus d'autorité, conclusion douteuse de marchés publics, complicité dans diverses malversations, tels sont les chefs d'inculpation retenus contre eux. Un procès qui avait suscité un important engouement devant le tribunal à tel point que l'autorité judiciaire a renvoyé l'audition des 109 témoins pour la matinée d'aujourd'hui. Pour revenir au procès, les auditions ont commencé par les principaux accusés, à savoir Omar Bekki et Fichouch Rabi, respectivement P/APC et ex-chef de daïra de Tiaret. Après avoir questionné le premier sur son itinéraire professionnel, le président lui demanda de s'expliquer sur ce dossier qui a éclaboussé sa commune et porté atteinte à la trésorerie publique. Des questions précises concernant, notamment, les projets entrepris sans garantie financière, dont certains ont été confiés à des entrepreneurs, contrairement au code des marchés, lors de la visite annulée du président Bouteflika dans la wilaya de Tiaret. L'accusé affirmera au tribunal qu'il n'avait fait qu'exécuter les instructions du chef de daïra et du wali. “Je défie quiconque pourra me prouver lui avoir accordé ou signé quoi que ce soit”, répondra-t-il au juge en imputant certaines incorrections à certains autres élus, notamment ceux chargés des commissions, à l'instar de celles des travaux et des affaires sociales. Après avoir entendu l'ingénieur chargé des travaux au sein de l'APC et le subdivisionnaire du logement et des équipements publics, c'était au tour de l'ex-chef de daïra de se présenter à la barre pour répondre aux mêmes questions du juge et du représentant du ministère public. Ce dernier niera tout en bloc en tirant à boulets rouges sur le maire et l'ex-wali de Tiaret. À la question relative aux fiches techniques anté-datées des projets en question, ce dernier dira qu'elles étaient élaborées par les services concernés, sur instruction du wali, dans le but d'assainir la situation qui sentait déjà le brûlé. “En ma qualité de chef de daïra, mes prérogatives étaient bien claires dans ma mission et n'étaient limitées qu'à un trait d'union entre le P/APC et le wali”, dira-t-il. S'expliquant ainsi, ce dernier précisera n'avoir fait que transmettre ces documents au wali. Revenant justement sur ses prérogatives, le juge lui rappellera qu'il pouvait bien s'interposer aux anomalies enregistrées ou, à la rigueur, apporter une mention sur le dossier transmis au wali pour le mettre en garde contre ce qui se tramait. S'agissant du suivi de ces projets, il n'ira pas par quatre chemins pour faire endosser la responsabilité au maire et au wali : “Le maire ici présent ne peut nier que le wali parcourait journellement les sites ciblés, et je démens catégoriquement ce que ce dernier a dit à mon égard.” Quant à sa réaction dans tout ça, l'inculpé répondra tout bonnement au juge que l'autorité du wali ne lui permettait pas de s'imposer à ce qu'il entreprenait. En substance, le président de la séance n'a pas manqué, comme le dicte la loi, d'inviter les avocats à questionner les accusés sur les points mentionnés dans l'arrêt de renvoi. Par ailleurs, les audiences devront se poursuivre durant trois ou quatre jours, selon l'avis d'un avocat.