Le développement, particulièrement aux EU, du gaz non conventionnel, appelé aussi gaz schiste, est venu bouleverser la donne sur les marchés du GNL, avec désormais un excédent de l'offre provoquant une chute des prix sur les marchés. Certes, la conjoncture de la crise financière et de la baisse de la demande participe aussi à cette situation morose, qui inquiète plus particulièrement les pays exportateurs et producteurs de GNL. Une situation venue trop tôt pour le Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG) dont les membres n'ont pu, ce 19 avril, que proposer une stratégie de travail pour les cinq prochaines années avec pour seule recommandation l'indexation du gaz sur les prix du pétrole, sur le marché spot. Hier contrairement à ce qui a pu se dire, jusqu'ici, des experts internationaux originaires de pays importateurs de gaz ont eu des propos moins alarmistes lors d'une table ronde tenue à l'auditorium du CCO. Certes, si la situation d'aujourd'hui appelle en effet à des mesures et des stratégies pour trouver un prix juste du gaz pour les pays exportateurs, ces experts ont tout simplement avancé que l'industrie du GNL va devoir faire face dans les prochaines années à une augmentation de la demande. Ainsi, selon le Dr Abdul Rahim Hashim de la Malaisie, et président de l'International Gas Union, la demande de GNL dans l'avenir va augmenter de 1,8% et d'estimer même que d'ici à 2030 cette demande va croître de 35 à 45%. Des projections qui seront, par ailleurs, confirmées par un autre intervenant, en la personne de Jay Copan, président de l'association américaine du gaz aux EU. “S'il y a une offre excédentaire de GNL ou de gaz schiste, le GNL n'a jamais connu une opportunité aussi grande qu'aujourd'hui”, dira d'emblée ce dernier. Revenant sur la situation des EU où en 2007, année du précédent GNL, son pays a capté 10 à 20% de l'offre de GNL sur les marchés mondiaux, ce dernier a justifié les choix de la politique énergétique de son pays et de l'administration Obama. “Aux EU, ce sont 64 millions de consommateurs avec un prix de 4 dollars du gaz sur le marché spot, c'est un bon prix. Avec un hiver même rigoureux, les prix sont restés stables et cela grâce au gaz schiste, mais aussi aux petites quantités de GNL que nous avons continué d'importer” avec prioritairement du gaz provenant du Canada et d'Alaska. Comme pour relativiser ces propos, cet expert dira que malgré tout, le gaz naturel allait rester la source d'énergie primaire dans le monde et de défendre le choix de favoriser la diversité de l'offre. “Nous sommes pour une diversité de l'offre, ce qui va permettre de maintenir les prix” avec à la fin un bémol, celui de la production de l'électricité dépendante du gaz. L'autre expert a, lui aussi, avancé une vision dictée par les enjeux de pays importateurs comme le Japonais Kastumi Kuroda, vice-président d'Energy Business Mitsubishi Corporation. Et pour cause, le Japon importe par an entre 60 à 62 millions de t de GNL/an, faisant de ce pays l'un des plus gros consommateurs de GNL. Ce dernier tentera de défendre le choix de la flexibilité de l'offre parlant même d'une plate-forme flexible d'échanges. En tant que gros consommateur, le Japon souhaite encore pouvoir se tourner vers les nouveaux producteurs de GNL et trouver des sources d'offres dans le bassin atlantique. Quant à l'indexation du gaz sur les prix du pétrole, c'est une stratégie qui, pour Kastumi Kuroda, n'est pas la solution idoine du fait de l'instabilité des prix du brut justement. Les pays européens, pour leur part, qui ne sont pas dans la même position, tablent aussi sur une diversification de leurs approvisionnements en GNL comme expliqué par M. Francisco de la Flor, représentant plusieurs organismes de l'UE dont la société Enagaz. À l'heure actuelle, pas moins de 10 pays assurent l'approvisionnement du GNL pour toute l'Europe. La sécurisation des approvisionnements avec la diversification des fournisseurs, que ce soit pour la France, l'Espagne et l'Angleterre, dicte les stratégies de ces pays. D'ailleurs, dira l'intervenant, c'est pour cela que les volumes de GNL importés le sont de plus en plus par des terminaux. Ces communications malgré tout n'auront pu lancer un débat contradictoire.