Mais, combien sommes-nous aujourd'hui, en tant que salariés, en mesure de terminer le mois avec le faible revenu, fruit de notre labeur ? Même un cadre ne peut aller au-delà de deux ou trois semaines avec son maigre salaire. Que dire alors du smicard qui touche 500 DA par jour ? En étant très prévoyant, une semaine à dix jours… en se serrant la ceinture ! 500 DA. C'est le salaire journalier du travailleur smicard algérien. Et ils sont nombreux ! La méthode de calcul du seuil de pauvreté est très variable selon l'époque et le lieu. Ainsi, la Banque mondiale retient un seuil de pauvreté absolu identique pour l'ensemble des pays de la planète. Un calcul réalisé il y a 20 ans, en 1990, une génération depuis, fixait ce seuil à 1 dollar (environ 80 DA) par personne et par jour. Un pécule destiné à assurer le seuil de survie alimentaire pour satisfaire un besoin calorique normatif donné : (2 400 à 2 100 kcal). Approche à la limite de la pauvreté. Cette même méthode de calcul fixe aujourd'hui un niveau de revenus à 2 dollars, comme seuil couramment employé à la lisière de la pauvreté. Sachant que 2 dollars représentent chez nous l'équivalent de 180 DA, et qu'une famille moyenne de 4 personnes, pour ne pas glisser en deçà de ce seuil doit mobiliser 4 fois ce montant, à savoir, 720 DA/jour ! C'est-à-dire un déficit de 220 DA. Rien que pour échapper à la misère absolue ! Se nourrir, et rien d'autre ! Faute d'être bons, soyons francs ! Le travailleur algérien a besoin de se nourrir, certes, c'est vital, mais il a également d'autres besoins, aussi vitaux. Il doit se couvrir, à défaut de s'habiller, errer, à défaut de se promener, soulager ses souffrances, à défaut de se soigner, s'occuper, à défaut de se distraire, se nicher, à défaut de se loger… mais toutes ces fonctions primaires coûtent de l'argent. Et de l'argent, le salarié algérien, il en a point ! Encore moins quand on est réglé au calcul du snmg. La politique salariale du pays est ainsi faite ! Une politique de rémunération, digne de ce nom, tient compte du niveau de vie réel des citoyens. Elle doit être le juste reflet du niveau du pouvoir d'achat. Dernièrement, le ministre des Finances a déclaré qu'“on ne peut pas construire des rémunérations basées sur des aspects de pouvoir d'achat. Le schéma est clair, il faut créer plus de valeur ajoutée pour la redistribuer, mais actuellement nous ne produisons pas assez de richesse”. Mais est-il logique, normal, honnête, juste, responsable, de faire payer aux salariés la mauvaise dynamique de la politique économique du pays ? S'il y a échec, insignifiance de la production, défaut de valeur ajoutée, absence de plus-value à dégager, ce n'est quand même pas la faute aux travailleurs, encore moins aux pauvres petits smicards !? Faut quand même avoir la franchise d'assumer ses erreurs ! Ce n'est pas nous, c'est eux ! Ainsi donc, ce n'est pas la faute du gouvernement, c'est la faute à la population qui ne travaille pas assez ! C'est ce que veut bien nous faire croire notre grand argentier. Réagissant aux propos du ministre des Finances, le Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur d'université, expert international et économiste, estime qu'“il est incorrect d'affirmer que les augmentations de salaires ne doivent pas être liées au pouvoir d'achat, car un bas salaire se répercute sur la productivité globale. Cela est lié au mode de gouvernance dont le niveau de corruption élevé mis en relief par les institutions internationales allant en se détériorant, entre 2005/2009, joue comme vecteur de démobilisation de la population”. L'objectif principal d'une politique de rémunération est d'assurer la cohésion entre les objectifs individuels et les objectifs corporatifs. Dans toute entreprise, le personnel, notamment cadre, s'attend généralement à être rétribué en fonction du chiffre d'affaires et des gains découlant de leur travail. Pour attirer et surtout pour conserver les meilleurs employés, il importe donc d'instaurer des politiques de rémunération qui satisfassent leurs besoins sans pour autant nuire à la santé financière de l'entreprise. Mal structurée et mal gérée, une politique de rémunération aura l'effet contraire de celui escompté. Les cadres peuvent développer un sentiment de frustration en constatant que leurs efforts ne sont pas récompensés à leur juste valeur. C'est pourquoi, il est important de s'entourer des compétentes en la matière lors de la définition et de la mise en application d'une stratégie de rémunération. Il en est tout à fait de même en ce qui concerne les salaires de la Fonction publique. L'élaboration d'un programme national salarial doit être le fait d'économistes et de loyaux représentants du patronat, et non pas une carte entre les mains de décideurs, à exhiber comme “atout politique” contre les petites gens. Pour le travailleur, le salaire est une rétribution dignement gagnée. Ce n'est pas le versement d'une rente. Un salaire à hauteur d'un labeur, cela revalorise la notion du travail et de son auteur. La création de la richesse passe par là ! Sans options, Hetba ! La mendicité et la misère s'étendent toujours davantage dans nos villes et villages, entraînant par ailleurs l'épineux phénomène de violence urbaine, contre lequel nos services de sécurité semblent complètement dépassés. Il ne se passe pas un jour sans que l'on enregistre des agressions commises au grand jour. Même nos routes, pourtant à proximité des barrages supposés nous protéger, sont devenues de véritables guets-apens. Allusion faite au tronçon Réghaïa- Boudouaou, pour ne citer que celui-là ! Et quelle serait aujourd'hui la solution ? Des mesures courageuses s'imposent pour sortir de l'impasse. Il faut laisser tomber les approximatifs plans gouvernementaux, jusque-là empruntés à un autre temps, prétendus soutenir la croissance et le développement. La réalité est toute autre, l'Algérie rétrograde à la 104e place sur le baromètre 2009 du développement humain, réalisé par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). L'indice du développement humain (IDH) du Pnud va au-delà du PIB et offre une définition plus large du bien-être de l'individu. C'est dire que la pauvreté continue à sévir en Algérie, un pays trahi par le paradoxe Etat riche/peuple pauvre. En somme, le véritable problème est dû à cet inconsistant mode de gouvernance prôné depuis toujours par des responsables, incapables de se remettre en cause et de convenir que l'Algérie va droit contre le mur. D'autant que le citoyen lambda n'est pas doté d'un airbag, en mesure d'atténuer ses souffrances au moment du crash ! On est embarqué dans un modèle de base, sans options. Hetba !