Résumé : Des brigands avaient attaqué un homme pour le dépouiller de sa bourse. Mohamed s'élance au secours de ce dernier qui n'était autre que l'homme qu'il avait rencontré au café Ie premier jour de son arrivée en ville. 34eme partie Mohamed hoche la tête. - Mon fils. Je n'ai plus 20 ans. Et voilà des années que je cherche quelqu'un sur qui compter pour me libérer de certaines tâches assez encombrantes. Je vais te demander de me seconder dans mes affaires et de prendre en charge mes magasins. Ne t'en fais pas, je vais t'apprendre toutes les ficelles du métier. Et, bien entendu, nous partagerons les bénéfices. - Tu veux dire que j'aurai la moitié des marchés ? - Pas exactement. Il faut bien que je mette quelques sous de côté, mais tu auras un bon pourcentage. - Combien ? Si El Bachir se met à rire. - Dis-donc, toi, le campagnard, tu sais négocier. A priori tu feras un bon commerçant. Il se tut un moment et semble réfléchir. - Mohamed, mon fils, je vais te proposer jusqu'à 30 % du négoce. - C'est-à-dire ? - Eh bien, c'est simple à calculer. Sur chaque marchandise que nous écoulerons, tu auras presque le tiers de l'affaire. Cela te va ? Mohamed réfléchit un moment. L'homme semblait sincère et sa proposition est honnête. Et d'ailleurs, pourra-t-il dénicher un boulot plus intéressant ailleurs ? Il en doutait. Les temps n'étaient plus au beau fixe et la ville est un labyrinthe qui finira par l'engloutir s'il ne se décide pas rapidement à accepter l'offre de Si ElBachir. Il relève la tête et sourit. - Je crois que la providence a déjà décidé pour moi Si El Bachir. - Tu veux dire que tu acceptes ? - Je n'ai pas le choix. Et puis ton offre est honnête, je crois qu'il vaut mieux prendre ce qui se présente. Des occasions telles que celles-là ne risquent pas de se représenter aussi tôt. - Tout à fait. - Alors je prends. - Eh bien, félicitations mon fils. Il se lève et le prend dans ses bras. - Mon fils, tu me rends heureux. Je sais que désormais je pourrais dormir sur mes deux oreilles. - Tu ne sais pas encore à qui tu as affaire, dit Mohamed sur un ton malin. - Je ne veux pas le savoir, car je sais reconnaître le bon grain de l'ivraie. Tu oublies que j'ai le triple de ton âge et que mon expérience dans la vie ne date pas d'hier. Mohamed sourit. - Tu ne seras pas déçu Si El Bachir. Je serais ton ombre et je te seconderais dans toutes tes affaires. Tu peux compter sur moi. Contents, ils sirotèrent leur café et Si El Bachir tient ensuite à leur faire visiter ses magasins. Mohamed et Ali n'en revenaient pas. L'homme était riche. Bien plus riche qu'il ne le pensait. Il possédait plusieurs magasins et ses marchandises se vendaient bien. Il avait même acquis une certaine réputation dans la ville et livrait de grands commerçants. - Tout ce que tu vois là, Mohamed, je l'ai gagné moi-même à la sueur de mon front. J'avais à peine 14 ans quand je me suis lancé dans le commerce. Mon père venait de mourir et j'ai dû trimer dur pour la survie des miens. Mais Dieu ne m'a jamais abandonné. Aujourd'hui, je peux m'estimer heureux d'être à l'abri du besoin grâce à Dieu. Mohamed hoche la tête. - Je comprends. La chance sourit toujours aux plus hardis. Mais Ali n'a pas eu cette chance. - Ali ? - Oui, Ali aussi cherche du travail et je m'apprêtais à lui en proposer. - À lui proposer quoi ? - Du travail. Enfin un boulot assez simple. Je voulais louer une carriole et lui apprendre à conduire un cheval pour transporter des marchandises à travers la ville. - Hein ? Si ElBachir écarquille les yeux. Tu m'étonneras toujours Mohamed. Tu es toi-même au chômage et… - Je sais, mais ne devrions-nous pas aider ceux qui sont bien moins lotis que nous ? Ali a deux sœurs et sa mère à sa charge, alors que moi… Y. H. (À suivre)