Le pire est que cette option de gestion administrative de la chose économique est de retour dans le paysage de notre politique économique. Autour des bidonvilles, comme phénomène, on n'a pas cessé de vivre des situations à première lecture caricaturales, mais, après, douloureuses. En effet, les Constantinois qui n'habitent pas les bidonvilles, sont obligés de se rabattre sur le marché du “particulier à particulier” pour avoir leurs propres toits au risque d'attendre des années avant de bénéficier d'un logement social tous types confondus. Au même moment, le dernier des enfants d'une famille habitant un bidonville a de fortes chances de dénicher le sésame après moins de cinq années d'attente. La veille des délogements, tous les adultes des familles de ces taudis convolent en juste noces, soit juste pour avoir le statut de chef de famille. L'objectif est de multiplier par trois, voire par cinq, le nombre de chefs de famille par toit et, partant, le nombre de logements à récolter par “tribu”. Ici, se marier veut dire fonder un foyer dans le sens urbanistique du terme car, un an après, le divorce est prononcé par les juges de Ziadia. Forts d'un carnet de famille légal et de l'émeute, comme moyen de chantage, ces nouveaux pères de famille, souvent des adolescents sans travail, accaparent tous les quotas des logements sociaux disponibles et, au reste de la société, celle qui par dignité et civisme préfère la promiscuité à la vie des bidonvilles, d'attendre son tour. L'autre situation est la tendance irrationnelle de notre société. On a été témoins, en tant que journalistes, de cas qui donnent le vertige quant à l'avenir de notre pays. Parmi les habitants de ces taudis, on retrouve des couples, cadres, cumulant plus de 80 000 dinars de salaire mensuel et disposant même de véhicule de luxe type 4x4. Le problème réside dans le fait que ces Algériens sont en train de perdre le sens des priorités et de l'honneur. Tout socio-pédagogue vous dira qu'un couple qui juge que l'acquisition d'un véhicule tout- terrain est une priorité par rapport à celle d'un logement n'a pas les aptitudes morales pour élever les Algériens de demain. C'est le fruit d'une économie socialiste qui a assassiné l'intelligence de l'Algérien faisant de lui un éternel assisté. Le pire est que cette option de gestion administrative de la chose économique est de retour ! Côté officiel, tous ces détails sont minimes, car l'essentiel est le nombre de logements construits et distribués quand ce n'est pas le montant des coûts, lui-même, qui est mis en évidence. Cela fait des décennies que les commis de l'Etat ne sont plus assujettis à des obligations de résultats mais de dépenses. Le meilleur gestionnaire est celui qui dépense le plus dans des programmes initiés par le centre et pour les besoins populistes de ce centre. Résultat : Une Algérie qui patauge au lieu d'avancer.